Adolescent de 15 ans mort d’une surdose: deux trafiquants de drogues de synthèse arrêtés
Le 22 décembre, Mathis Boivin a consommé à son insu une drogue encore plus puissante que le fentanyl

Erika Aubin
Le père d’un adolescent de Montréal empoisonné sans le savoir par un opioïde, à quelques jours de Noël, se réjouit après l’arrestation de deux trafiquants liés à la mort de son garçon et la saisie de centaines de comprimés, qui auraient pu se retrouver dans la rue.
«Ça ramène toutes sortes de choses, mais ça met aussi un certain baume sur la blessure. En arrêtant des gens comme ça, [les policiers] sauvent des vies», laisse tomber Christian Boivin au bout du fil.
Le 22 décembre dernier, son fils Mathis a consommé avant d’aller se coucher une drogue encore plus puissante que le fentanyl à son insu. L’adolescent de 15 ans ne s’est jamais réveillé après avoir avalé un seul comprimé d’isotonitazène. Il a fait un arrêt respiratoire causé par une surdose.

La police de Montréal a immédiatement amorcé une enquête pour finalement procéder, mardi, à l’arrestation de deux présumés trafiquants de drogues de synthèse, dans la métropole.
«Ça envoie le message aux criminels qu’ils prennent ça au sérieux et poursuivent leurs efforts», estime Christian Boivin.
Des comprimés dangereux
Les responsables de l’enquête ont également effectué des perquisitions dans le véhicule d’un suspect ainsi que dans trois logements, dans Ahuntsic–Cartierville et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.
Plusieurs centaines de comprimés contrefaits d’apparence pharmaceutique ont été saisis, a annoncé le Service de police de la Ville de Montréal par communiqué. L’enquête démontre que ces comprimés sont en réalité de dangereux opioïdes de synthèse (de type isotonitazène) qui peuvent engendrer des cas de surdose.
Christian Boivin se réjouit particulièrement de cette importante saisie: «Toutes ces pilules, ça aurait pu tuer d’autres jeunes ou même des adultes.»
Les premiers mois après le drame ont été éprouvants, admet aujourd’hui le père endeuillé.
«On a passé par toutes les étapes: le choc, la colère, le déni. Mais Mathis a un frère et une sœur de 13 et 11 ans qui ont besoin d’une famille unie qui regarde en avant. C’est ce qu’on fait», confie-t-il.
Sensibiliser
Depuis la mort de son fils, il s’est aussi lancé dans la mission de sensibiliser un maximum de personnes face aux dangers des opioïdes, notamment en faisant des conférences dans les écoles secondaires.
«Les jeunes ne sont pas toujours conscients des risques. Surtout que [les trafiquants] font de faux comprimés, qui semblent en apparence être moins forts», déplore-t-il.
La pilule bleue qu’a avalée ce soir-là Mathis Boivin, un ado sans histoire qui fréquentait un collège privé, était cinq fois plus forte que du fentanyl.
«On essaie de prendre une tragédie et d’en tirer quelque chose de bon en sensibilisant. Je n’ai pas choisi cette cause, mais je vais continuer toujours d’en parler», martèle M. Boivin.

Les suspects arrêtés sont âgés de 24 ans et de 17 ans. L’adulte doit comparaître mercredi pour faire face à des accusations en matière de trafic et de possession pour fin de trafic de stupéfiants. Quant au mineur, il comparaîtra ultérieurement à la Chambre de la jeunesse afin d’être accusé de trafic de stupéfiants et de possession dans le but d’en faire le trafic.
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