Achats en ligne: des rabais trop gros pour être vrais
Tous les deals ne sont pas égaux, sept sur dix sont trompeurs
![Ces deux pages Facebook et deux comptes TikTok proposent des rabais trompeurs, selon la méthodologie de Julien Gandelin, du guide spécialisé en achats en ligne AchetezLeMeilleur.ca.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2Fmosaique_JMec8e6496-1de7-4841-8b3e-5772631e43f5_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
![Photo portrait de Julien McEvoy](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2F013887c01b74f-967e-4e88-82bf-53db85838a68_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Julien McEvoy
Les rabais sont partout, tout le temps, quand on achète en ligne, à tel point qu’on se demande si le prix régulier n’est pas un leurre. La tendance atteint ses limites sur des pages d’«influenceurs», des maîtres du deal qui relaient des aubaines qui n’en sont pas.
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«De nouveaux comptes Facebook ou TikTok apparaissent chaque jour», observe un expert québécois en la matière, Julien Gandelin, fondateur du guide spécialisé en achats en ligne AchetezLeMeilleur.ca.
Avec des noms comme «Les meilleurs rabais de Noémie» ou «Best Amazin Deals Canada», ces pages prétendent offrir 20, 30 ou 40% de rabais sur des produits comme une enceinte Bluetooth ou une poêle antiadhésive.
![Cette page offre des rabais trompeurs, selon la méthodologie de Julien Gandelin.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FCapture_d_e_cran_le_2025_01_17_a_11.57.114fa7c60a-0356-4e64-9db6-9d55d652ee0f_ORIGINAL.jpg%3Fh%3D2316%26impolicy%3Dcrop-resize%26w%3D1962%26width%3D1600%26x%3D0%26y%3D0&w=3840&q=75)
Tous les jours, un flot continu de patentes et d’outils défilent à l’écran des clients, pardon, des internautes. Chaque fois que «Passer la commande» est cliqué – souvent sur Amazon –, l’influenceur-chasseur à l’origine de la vente obtient de l’argent, sa cut du deal.
Certaines pages, comme La ligue des deals, font bien leur travail, nuance Julien Gandelin, qui insiste pour dire que tous les chasseurs de deals ne sont pas trompeurs.
«Le succès de certains en motive d’autres à copier-coller la recette, mais sans vérifier les rabais», observe celui qui sait reconnaître une aubaine.
![Le compte TikTok @pattiqcanada n'offre pas de rabais authentiques, selon la méthodologie de Julien Gandelin.](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FCapture_d_e_cran_le_2025_01_17_a_11.56.2312214dc3-6dda-4653-a715-de14a0cdde29_ORIGINAL.jpg%3Fh%3D1822%26impolicy%3Dcrop-resize%26w%3D2190%26width%3D1600%26x%3D0%26y%3D0&w=3840&q=75)
70% de faux rabais
Grâce à son outil gratuit Le Filtre, qui suit l’évolution du prix de milliers de produits, Julien Gandelin a calculé, l’été dernier, que sept rabais sur dix sont trompeurs sur les pages d’influenceurs-chasseurs.
Avec son équipe, il a passé au crible 1450 rabais tirés de 29 pages populaires. Cinquante publications de chacune de ces pages avec toutes plus de 3500 abonnés ont été analysées.
Les deals trompeurs sont ceux affichés à un prix plus élevé que le plus bas prix observé au cours des 90 derniers jours et/ou ceux qui ne spécifient pas le prix du produit lors des trois, six ou douze derniers mois.
Profiter du monde
Julien Gandelin est lui aussi dans la business du deal, son site est rentable grâce aux revenus tirés des offres qu’il publie.
Certaines pages ne font que reprendre le contenu de la Boutique d’offres d’Amazon, se désole-t-il.
«Ils profitent de la folie des aubaines, tout le monde n’est pas honnête», résume l’expert.
Faux rabais, selon la loi
Il est interdit d'annoncer un bien ou un service à prix réduit si c'est faux, dit en substance la Loi sur la protection du consommateur (LPC). Un commerçant ne peut afficher un rabais que si le produit a été affiché au plein prix dans les 30 jours avant. Ça, c’est pour les magasins. Car en ligne, «c’est plus flou», constate le prof de marketing des HEC, Jean-François Ouellet. «Une entreprise étrangère qui vend en ligne, ce n’est pas tout à fait les mêmes normes qui s’appliquent», résume-t-il.
-60% partout: la folie des aubaines
Dans le merveilleux monde des achats en ligne, le nerf de la guerre, c’est que le client ne laisse pas son panier plein sans rien acheter.
«Au moins 70 à 80% des paniers sont abandonnés», illustre le prof de marketing des HEC Jean-François Ouellet. Walmart comme la PME du coin vivent cet enjeu.
Pour accélérer la cadence entre le clic «Ajouter au panier» et le clic «J’achète», les détaillants misent sur les bas instincts du consommateur-internaute.
«Le rabais est une bonne arme, il nous incite aux achats impulsifs, il nous fait vivre du FOMO – peur de rater quelque chose –, comme quand il disparaît en cinq minutes ou moins», illustre le spécialiste du comportement du consommateur.
En magasin, les détaillants se prennent des marges de 40 à 60% par vente afin de couvrir le loyer, les salaires, alouette. En ligne, les marges peuvent être plus petites.
«Quand tu as juste un entrepôt à gérer, tu y vas», rigole Ouellet au sujet des rabais qu’on retrouve partout.
Tous les commerces le font, des plus gros aux plus petits, puisque pour conserver ses parts de marché, il faut courir aussi vite que son concurrent.
«C’est la théorie de la reine rouge. Si tout le monde fait la même affaire, t’as comme pas le choix, que ça te tente ou non», résume le professeur.
Les marketeurs en ligne savent très bien qu'un consommateur qui a acheté une fois de façon impulsive a de fortes chances de le refaire.
«Ils le savent de plus en plus précisément. Bienvenue en 2025», souligne-t-il, avant de mentionner «les nombreuses start-ups de l’IA» spécialisées en la matière à Montréal.