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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

À quoi s’attendre en 2024 pour votre portefeuille et notre économie?

Tout va bouger: Bourse, prix des maisons, croissance économique

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Photo portrait de Michel Girard

Michel Girard

2023-12-30T05:00:00Z
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Tout ce qui monte redescend. Ainsi, pour 2024, j’ai une très bonne nouvelle et une très mauvaise.

Commençons positivement avec la bonne nouvelle. 

Ayant récemment atteint leur sommet, les taux d’intérêt vont baisser au fil des prochains trimestres, et ce, au grand soulagement des ménages. 

Le mouvement à la baisse devrait débuter vers la fin du deuxième trimestre, alors que la Banque du Canada commencera à desserrer sa politique monétaire, en diminuant, quart de point après quart de point, son taux directeur.  

En l’espace d’à peine 16 mois, soit de mars 2022 à juillet 2023, le taux directeur était passé de 0,25% à 5%, faisant ainsi dramatiquement bondir le coût de tous les emprunts: prêts hypothécaires, prêts-autos, prêts personnels, prêts aux entreprises, soldes de cartes de crédit, etc. 

On s’entend que la future baisse du taux directeur est attendue avec impatience.   

De 5% actuellement, le taux directeur pourrait baisser de 1 1⁄2 point de pourcentage, pour boucler l’année 2024 à 3,5%. 

Une telle baisse éventuelle aurait évidemment pour effet de faire baisser d’autant ou presque les taux de la panoplie d’emprunts offerts par les banques et les caisses.  

LE PIRE AVEC LA BOURSE

Passons maintenant à la mauvaise nouvelle. 

Après avoir progressé à la vitesse grand V depuis le début de novembre et atteint des niveaux très élevés par rapport aux bénéfices anticipés, la bourse devrait ramener les spéculateurs sur terre en y allant d’une solide correction à la baisse.  

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Quand? Personne ne connaît le moment précis. Mais chose certaine, on devrait passer à travers une méchante déprime boursière si les prévisions des analystes de la Financière Banque Nationale se matérialisent. 

Les analystes Stéphane Marion, Matthieu Arseneau et Alexandra Ducharme, de la Financière Banque Nationale, prévoient une forte chute boursière.  

Quant à la Bourse canadienne, leurs prévisions pour le deuxième trimestre de 2024 rabaissent le niveau de l’indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto à 18 000 points. 

Par rapport au niveau actuel, le recul potentiel atteindrait environ 14%.  

Ce serait pire du côté de la Bourse américaine. 

Les analystes de la Financière Banque Nationale voient le principal indice de la Bourse de New York, soit le S&P 500, reculer jusqu’au niveau des 3800 points. 

Si ce recul se matérialise, la Bourse américaine chuterait de 20% par rapport à son niveau de début de semaine.  

Ces prévisions de correction boursière reposent sur la prémisse selon laquelle les bénéfices des sociétés vont baisser en 2024, soit de 5% du côté des sociétés canadiennes composant le S&P/TSX et de 10,5% du côté des grandes sociétés américaines incluses dans le S&P 500.    

Par ailleurs, chez les analystes de Desjardins, on se montre moins «cassants» envers la bourse. 

Leurs «cibles» pour 2024 accusent, par rapport aux niveaux actuels, des reculs de 5% pour le S&P/TSX de la Bourse de Toronto et de 7% pour le S&P 500 de la Bourse de New York.  

On jase... Sachez que c’est le propre de la Bourse de fluctuer fortement en cours d’année, à la hausse comme à la baisse. Cela se produit chaque année. 

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Historiquement parlant, il faut savoir que les meilleures occasions d’achat se produisent lors des sévères corrections boursières. 

Et historiquement parlant, il faut également savoir que les pires gaffes des investisseurs sont commises lorsqu’ils liquident leurs actions à la suite de vives corrections. Tenez-vous-le pour dit!  

Et rappelez-vous qu'après une sévère correction, suivra un retour à la hausse!

RÉCESSION OU RALENTISSEMENT?

Bien que le ministre des Finances, Eric Girard, rejette pour le moment l’hypothétique «récession technique» dans laquelle se retrouve le Québec après deux trimestres négatifs de suite, il est fort possible qu’il soit bientôt forcé de rectifier le tir.  

À cause du niveau très élevé des taux d’intérêt qu’a généré la hausse vertigineuse du taux directeur de la Banque du Canada dans le but de contrer l’inflation, l’économie canadienne tourne de toute évidence au ralenti. 

Voilà pourquoi plusieurs économistes prévoient, à tout le moins, une faible baisse du PIB réel en 2024, du genre -0,2% à -0,4%. Cela tranche avec les récentes mises à jour économiques des ministres des Finances Chrystia Freeland et Eric Girard. 

Pour l’année 2024, le ministre Girard prévoyait une croissance du PIB réel du Québec de +0,7%. Pour sa part, la ministre fédérale Freeland tablait sur une croissance de +0,4% du PIB réel du Canada. 

Quoi qu’il en soit, l’économie tournera au grand ralenti durant une grande partie de la nouvelle année 2024. 

Des mises à pied devraient se poursuivre. 

Ce qui fera évidemment grimper le taux de chômage dans la fourchette allant de 6,3% à 6,8% pour l’ensemble du Canada. 

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Le Québec, lui, devrait s’en tirer avec un taux de chômage variant entre 5% et 5,7%, par rapport à 4,3% en 2023. 

Pour leur part, les bonzes de la Banque du Canada apprécieront de voir l’inflation reculer sous la barre des 3%, voire dans la fourchette allant de 2,5% à 2,8%, possiblement.

ET LE PRIX DES MAISONS?

Les futurs premiers acquéreurs qui comptaient sur une baisse marquée du prix des maisons et des condos pour acheter en 2024 leur première maison devront réviser leur stratégie. 

Selon l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec, le prix médian des propriétés devrait rester sensiblement au même niveau qu’en 2023.   

Par contre, comme les taux d’intérêt ont plafonné depuis l’automne dernier, ça augure bien pour les taux hypothécaires en 2024, lesquels devraient amorcer une baisse dès que la Banque du Canada va commencer à diminuer son taux directeur.  

Autant pour la négociation d’une nouvelle hypothèque ou que pour celle d’un renouvellement, les propriétaires auront intérêt en 2024 à miser sur le taux variable, puisque celui-ci baissera au rythme de la diminution du taux directeur. 

Au grand bonheur des locataires, les hausses de loyer, quant à elles, devraient être relativement faibles en 2024, puisque l’inflation va redescendre vers les 2,5%.  

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