À quelques jours de sa première, Martin Matte nous parle de son talk-show
Michèle Lemieux
En cette rentrée télé foisonnante, les yeux sont tournés vers Martin Matte qui nous présentera dans les prochains jours un nouveau talk-show qui promet d’être le rendez-vous incontournable du jeudi soir. À 53 ans, l’humoriste se sent fin prêt à relever ce défi, comme si son parcours l’avait préparé à ce projet. Mais avant de se lancer dans l’arène, l’homme s’est accordé un peu de recul en voyageant aux îles de la Madeleine avec des amis. Fort de cette expérience, il se promet de s’accorder dorénavant encore plus de temps pour profiter de la vie.
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Martin, à la veille de la première de ton tout nouveau talk-show, la pression est-elle forte?
De la pression, il y en a toujours. Ça fait 30 ans que je vis avec la pression et je dois dire que je compose plutôt bien avec elle.
Il faudrait que tu nous donnes ton secret...
Je travaille beaucoup en amont. Ça fait en sorte que je suis moins stressé. Et quand on fait ce qu’on a envie de faire, ça contribue aussi à diminuer le stress.
Qu’est-ce que ton émission nous réserve?
C’est un talk-show dans la forme la plus classique qui soit. C’est une formule à l’américaine avec stand-up, mais encore plus d’humour. Pendant 10 semaines, nous avons un invité par semaine. Nous avons créé des concepts sur mesure pour chacun d’entre eux. Avec l’équipe d’auteurs, j’ai écrit une fiction, dont des segments de 3 minutes seront présentés chaque semaine à l’émission. Nous comptons sur une gang de comédiens et comédiennes incroyables: Isabel Richer, Alexis Martin, Geneviève Schmidt, Marie-Lyne Joncas, Jean-François Provençal, Martin Drainville, Didier Lucien et Matthieu Pepper. Ce sont des gens que j’aime et que j’admire. Ce seront de beaux moments.
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Comment te sens-tu à l’idée de mener des entrevues?
Je n’avais jamais fait d’entrevues. Alors au départ, ça m’inquiétait, mais c’est maintenant l’une des choses que j’aime le plus faire. Je ne suis pas un intervieweur de carrière, tout comme je n’étais pas un auteur de série télé. J’ai écrit Les beaux malaises à ma façon, et ça a fonctionné. C’est la même chose avec les entrevues: au départ, ça m’a inquiété, mais je suis resté moi-même. J’aime puncher, être un peu baveux et poser des questions que je poserais dans la vraie vie. Le talk-show, c’est un bateau plus gros que je le pensais, mais c’est un beau projet que j’ai envie de faire. Ça faisait plusieurs fois qu’on me proposait d’animer un talk-show.
Et avant aujourd’hui, tu n’avais pas retenu l’idée?
Je ne me sentais pas là. Par contre, je me disais que j’y viendrais un jour. J’aimais tellement David Letterman, entre autres, parce que je le trouvais à l’aise et pertinent, que j’avais demandé un jour à François Rozon si on pouvait acheter le concept de son émission The Late Show... Mais non, il n’était pas à vendre. Ils ont dû trouver notre proposition bizarre. Aujourd’hui, à cette étape-ci de ma vie, j’en ai envie. Je pense que ça prend un certain vécu. À 30 ans, je n’aurais pas fait le même talk-show; mais à 53 ans, j’ai acquis une certaine maturité. Une vulnérabilité, aussi. J’ai moins peur de me livrer, j’ai une plus grande écoute et je veux mettre les autres en valeur. Et j’ai une équipe pour m’amuser. Chaque fois que je travaille avec les auteurs, nous rions, nous nous amusons et nous disons des conneries. Je n’ai jamais eu une équipe d’auteurs de ma vie. C’est un gros luxe! Je travaille toujours avec François Avard.
Un mot sur le décor, qui semble spectaculaire!
Oui! Et quand j’ai vu l’Espace St-Denis complètement rénové avec sa salle-cabaret, j’ai été séduit. Nous avons travaillé avec une équipe au décor. Le résultat est grandiose! C’est ce dont j’avais envie. Et comme directeur musical, nous pouvons compter sur Dumas.
Comme tu animeras en direct, sans filet, as-tu peur d’aller parfois trop loin?
Bien sûr, mais c’est une forme de prolongement de mon métier. Quand je participe à une émission, je ne me demande jamais si c’est en direct ou non. Je fais mon entrevue. C’est la même chose. Les gens dans la salle vont vivre le show en direct avec nous, tout comme les spectateurs à la maison. C’est sûr qu’il risque d’y avoir une phrase de trop. Nous vivrons avec. La beauté du projet est plus importante que le stress ou l’inquiétude qu’il peut générer. Bien humblement, nous cherchons à niveler vers le haut. Les beaux malaises l’a fait: la série s’est vendue un peu partout à travers le monde, et j’en suis fier. Je suis content que TVA embarque dans ce projet de faire vivre un événement chaque jeudi à 20h.
Peux-tu nous donner une idée de tes premiers invités?
Le premier invité est Patrick Huard. Nous aurons aussi des collaborateurs, entre autres, Katherine Levac qui fera des chroniques et Maude Landry que j’aime bien et qui nous fera voir l’actualité autrement. Je compte faire une sortie avec mon ami Pierre Brassard, mais je ne peux pas en dire plus. J’ai très hâte à la première. Ce projet est arrivé à un bon moment dans ma vie. Je l’ai choisi. J’ai écrit une série télé, puis j’ai hésité entre la série et le talk-show, mais finalement, j’ai mis la série de côté. Elle devrait débloquer sous peu. L’un des rares avantages de vieillir, c’est de pouvoir prendre un pas de recul et se demander ce qu’on a vraiment envie de faire.
C’est un très bel avantage, il faut en convenir!
C’est vrai. Je fais ce que j’ai envie de faire. Ça aussi, c’est un luxe. J’ai cette chance d’avoir eu de beaux succès dans ma carrière. J’ai la chance de choisir ce que je veux faire et je la savoure. C’est l’un des avantages d’avoir moins de choses à prouver. Je suis plus ouvert. Mais évidemment, physiquement, ça ne va pas dans le bon sens...
Mais on peut se maintenir, quand même!
Effectivement. Je me rappelle quand j’étais tombé d’épuisement à 39 ans, mon médecin m’avait dit: «Savez-vous que physiquement, l’être humain décline à partir de la fin de la trentaine?» J’avais trouvé ça violent! (rires) C’est la vie. Mais en même temps, je me tiens en forme. Un jour, j’ai mangé avec Yvon Deschamps. À 85 ans, il m’avait dit que la soixantaine était une belle décennie et qu’il avait vraiment aimé cette période! Je trouve ça beau. Ma voisine, qui doit avoir 90 ans, m’a dit l’autre jour en me voyant marcher dans la rue: «Ah! que c’est beau, la jeunesse!» Alors oui, il y a des avantages à vieillir.
Garder la forme est nécessaire dans un métier de performance comme le tien... Ça impose un rythme d’athlète à certains égards, non?
Tout à fait! Je l’ai réalisé il y a très longtemps, quand j’ai commencé à présenter mon premier spectacle, Histoires vraies. J’avais 27 ou 28 ans. Je faisais quatre ou cinq shows par semaine. Je parlais et je criais pendant une heure et demie. J’étais toujours essoufflé. Je m’étais acheté un vélo stationnaire pour m’entraîner. Depuis ce temps, je me suis toujours tenu en forme. Je fais du jogging deux ou trois fois par semaine ou je m’entraîne. La comparaison est bonne avec les athlètes: il faut se soucier de sa performance et maintenir une routine. Quand tu fais ton show 200 ou 300 fois, maintenir la même efficacité chaque soir, c’est tout un défi!
Et surtout qu’il faut se méfier de ce qui semble facile, ça cache beaucoup de travail...
C’est vrai. Au début de ma carrière, on me disait souvent que ce que je faisais était facile. Je trouvais ça un peu insultant, mais par la suite, c’est devenu un compliment pour moi. En fait, ça voulait dire que c’était bien écrit, que les punchs rentraient bien et que c’était drôle.
Compte tenu de la rentrée que tu as au programme, as-tu pris un peu de distance par rapport au travail pendant l’été?
Tu parles de la journée où il a fait beau? (rires) J’ai bien profité de
cette journée. Plus sérieusement, je suis allé une semaine aux îles de la Madeleine avec deux couples d’amis. Ç’a été un beau moment durant mon été. Il a fait beau et chaud tous les jours pendant une semaine. Ç’a été une très belle occasion de décrocher. Ceux qui n’ont pas visité les îles de la Madeleine devraient y aller. C’est un joyau du Québec.
À 53 ans, qu’as-tu à cœur de réaliser?
Je suis plutôt instinctif. Je m’écoute. Comme je le disais précédemment, j’ai écrit une série télé que j’ai mise sur la glace pour le moment. Sinon, je n’ai pas de projets.
Probablement parce que tu as satisfait plusieurs de tes ambitions et même réalisé des rêves...
Oui, et en même temps, j’ai encore le goût de créer et d’avancer. Je me dis aussi qu’il faut que je me réserve du temps pour voyager. La vie va vite, le temps file. Je ne suis à peu près jamais parti en voyage deux semaines... J’aimerais partir un mois, un mois et demi. Il faut que je le fasse. C’est surtout ce projet que j’ai envie de planifier. Quant aux projets professionnels, ils s’organisent de façon organique. Jusqu’à maintenant, ça fonctionne pour moi de m’écouter et de faire ce que j’ai envie de faire.
La Fondation Martin-Matte a connu un beau succès avec son Biscuit Sourire. Compte-t-elle récidiver?
La Fondation est toujours en expansion. Les biscuits ont permis d’amasser plus de 100 000 $! Nous reviendrons avec cette idée sous peu. Nous avons deux nouvelles maisons en développement. Nous avons déjà huit maisons en fonction, avec des programmes de répit et d’amélioration de la qualité de vie. Alors oui, parallèlement à ma vie professionnelle, cet engagement fait partie de ma vie depuis 18 ans.
Ta mère semble aussi engagée pour la cause. C’est le cas?
Oui, ma mère est là depuis le début. Elle donne toujours un coup de main. Elle a souvent été présente pour les remises de chèques ou pour livrer son témoignage. C’est toujours très touchant d’avoir le témoignage d’une mère qui a vécu cette situation: son garçon de 17 ans, qui était en pleine santé et en pleine forme, s’est retrouvé dans le coma du jour au lendemain. Elle raconte son cheminement, et son témoignage est très précieux. Les gens ne savent pas toujours ce qu’est un traumatisme crânien. Qu’il y ait une autre voix que la mienne, c’est important. Moi, c’est mon frère. Elle, c’est son fils.
Elle est reconnaissante pour tout ce que tu as fait pour la cause...
Je pense qu’elle ne se rend pas compte de la chance qu’elle a de m’avoir... (rires) En lisant l’article, elle va sûrement se dire à quel point elle est chanceuse!
C’est du Martin Matte tout craché! Ça sera notre conclusion.
(Rires)
Martin Matte en direct, jeudi à 20 h, à TVA, dès le 28 septembre.
On s’informe sur la Fondation Martin-Matte ou on contribue en visitant le site.