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Culture

À quelques jours de commencer Salut Bonjour, Ève-Marie Lortie se confie sur son été plus difficile

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Michèle Lemieux

2024-08-22T10:00:00Z
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Alors qu'elle vient de célébrer ses 50 ans, Ève-Marie Lortie réalise un grand rêve professionnel: s'asseoir dans le siège d’animatrice de la populaire émission matinale Salut Bonjour. Le bilan de la nouvelle quinquagénaire ne pourrait être plus positif: elle s’apprête à relever un défi professionnel enthousiasmant, elle est appuyée par son amoureux des 15 dernières années, sa fille trace sa voie dans le journalisme, et elle peut compter sur une famille aimante. Seule ombre au tableau: le départ subit de sa mère. Atteinte d’un cancer diagnostiqué le 16 juillet, elle a demandé l’aide médicale à mourir le 15 août dernier.

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Ève-Marie, comment te sens-tu, toi qui t’apprêtes à prendre la barre de Salut Bonjour en semaine?

C’est un beau rêve qui se réalise. C’est une émission que j’ai toujours aimée. Il y a presque 30 ans, lorsque j’étais une jeune téléspectatrice et une journaliste débutante, je rêvais de me joindre à cette équipe. Je voulais faire mon travail dans la rigueur, mais aussi dans la bonne humeur, avec une équipe qui s’amuse et qui compte parmi les meilleures. En occupant ce poste, j’ai l’impression de retourner à la maison, car j’ai déjà fait partie de cette équipe à titre de lectrice de nouvelles. Je connais plusieurs de mes collègues de travail depuis plus de 10 ans. Ce sont des gens que j’aime. Je veux faire une arrivée tout en douceur.

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Prendre la relève de Gino après tant d’années relève-t-il du défi?

Oui, et c’est pour cette raison que je veux arriver doucement. Depuis des années, les gens entendent la même voix et voient le même visage, celui d’un homme formidable: Gino Chouinard. Ils me connaissent aussi, mais ils ne m’ont pas vue tous les jours. Je veux qu’on se donne du temps, comme un apprivoisement réciproque. J’ai toujours aimé la télé du matin, ça concorde bien avec mon énergie. Tout ce que je suis y est mis à profit. J’ai de l’intérêt pour plein de choses, sans être une spécialiste de quoi que ce soit. Toutes les entrevues que je fais me fascinent, que ce soit avec des gens issus du métier ou avec des personnes qui accordent une entrevue à la télé pour la première fois. Qu’on traite de sujets lourds ou légers, peu importe. J’adore mon métier!

Julien Faugere / TVA Publications
Julien Faugere / TVA Publications

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Cet engagement implique-t-il de gros ajustements dans ta vie personnelle?

C’est un gros changement, car je vais passer mes semaines à Montréal, mais je suis tellement enthousiaste! En ville, je me déplace à pied, en transport en commun ou en Bixi. Je pense que c’est le secret. Je me suis installée dans un petit 3 1/2 et j’ai mis des draps roses dans mon lit. Je me suis fait un univers de fille où mon amoureux a sa place. Nous fonctionnons tous les deux en tenant compte du bonheur de l’autre et nous nous appuyons mutuellement. Actuellement, je vis une joie immense! J’ai la chance d’avoir un conjoint qui m’encourage et qui me soutient.

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Comme ton amoureux a pris sa retraite, il aurait pu insister pour que tu ralentisses le rythme...

Bien non, justement. Il a pris sa retraite de la ville de Québec, mais il n’a pas pris sa retraite de la vie active. Il a une firme de consultation en sécurité routière. Il est content de gagner un bureau à la maison... (sourire) Il est occupé et il est encore très actif. La flexibilité de ses horaires lui permettra de venir me voir à Montréal. Nous n’avons pas de modèle au niveau de la vie de couple. D’ailleurs, en franchissant le cap de la cinquantaine, j’ai réfléchi à cette question. J’ai un cadre, notamment dans ma vie professionnelle, qui est très structuré, mais dans plusieurs autres domaines de mon existence, à travers mes choix, ma manière de voir la vie et d’avancer, je suis assez flexible.

Que veux-tu dire par là?

En ce qui concerne ma vie émotive, ma vie de couple et ma vie familiale, j’ai souvent fait les choses à ma façon, et ça me convient. Je suis ma voie et c’est correct. Ce qui fonctionne pour moi ne fonctionnera pas nécessairement pour quelqu’un d’autre, et l’inverse est aussi vrai. Même avec l’horaire de Salut Bonjour, la recette que j’applique est la mienne. Moi, j’ai besoin de dormir plus longtemps le jour, c’est-à-dire deux heures ou deux heures et demie de plus, et de me coucher plus tard le soir. Pour ma vie de couple et mon modèle familial, c’est la même chose: je fais ce qui me convient.

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Dirais-tu que l’époque actuelle te permet de sortir du cadre sans être jugée?

Oui, et je suis reconnaissante envers les pionnières qui ont ouvert ces portes et qui ont fait en sorte que je ne rencontre plus d’obstacles. On a évoqué le fait que je suis la première femme à animer une émission du matin, et aussi la première à animer Salut Bonjour. C’est un honneur pour moi, mais cela est possible parce qu’il y a eu, avant moi, d’autres animatrices qui ont tracé la voie. Comme je le rappelais récemment à ma fille, l’élever seule, être divorcée, avoir une carrière et être propriétaire de ma maison sont autant de choix pour lesquels on m’aurait pointée du doigt à l’époque. Il n’y a pas si longtemps encore, je n’aurais pas pu marcher la tête haute.

Julien Faugere / TVA Publications
Julien Faugere / TVA Publications

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Es-tu fière de ton parcours? D’avoir été capable de t’offrir ce dont tu avais besoin?

Oui, et je remercie le village qui m’a aidée à le faire. J’ai fait un bout seule avec ma fille, mais j’avais du monde autour de moi, j’étais entourée. J’ai une famille forte. Ça me rend très fière, mais le travail n’est pas terminé. Je me concentre sur la route qui est devant moi.

Le fait que tes responsabilités de mère t’occupent moins aujourd’hui te permet-il de te consacrer davantage à ta carrière?

Oui, la tâche s’est allégée et c’est pour ça que j’ai pu lever la main et manifester mon intérêt pour le poste. Je suis encore jeune, dynamique, entourée d’une équipe équilibrée composée de gens plus jeunes, mais aussi de plus vieux. Toutes les générations sont importantes et je crois qu’à Salut Bonjour, c’est ce qui fait notre force.

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Ta fille, Corinne, participe ponctuellement à Salut Bonjour, n’est-ce pas?

Oui, elle en est à sa deuxième année à titre de reporter à TVA, en Estrie. Elle est journaliste sur le terrain. En parallèle, elle poursuit sa formation universitaire. J’étais contente de la voir journaliste à Salut Bonjour cet été. Nous aurons peut-être la chance de travailler ensemble. On verra si je serai envahie par l’émotion quand ma fille sera en même temps que moi à Salut Bonjour! Petite, elle traînait dans les studios, elle se cachait sous mon pupitre pendant que je livrais les nouvelles.

Manifestement, tu as été une grande inspiration dans sa vie!

Quand j’entends Corinne dire: «Ma mère m’a montré que c’était possible», ça me va droit au coeur. Elle ne suit pas mes traces, elle fait son chemin à elle. Quand elle est en ondes, elle n’est pas la fille d’Ève-Marie. Les attentes sont là, et les critiques aussi. On n’embauche pas des gens parce qu’ils sont «les enfants de», mais il faut constamment le rappeler. On célèbre les entreprises «et fils» ou «et filles», mais ça arrive aussi dans notre métier que nos enfants suivent nos traces. Ils nous ont vus nous accomplir dans notre travail et, parfois, ça les inspire.

Corinne a quand même fait quelques sacrifices pour que tu puisses poursuivre ta carrière?

Il y a effectivement eu des dommages collatéraux, notamment les horaires atypiques, les fins de semaine de travail ou le travail de nuit. J’en ai manqué, des compétitions de nage synchronisée! Ma fille s’est beaucoup fait garder durant les fins de semaine. Ça lui a apporté beaucoup de belles choses, mais ça l’a aussi privée d’une certaine stabilité. Quand ses amis venaient sonner à la maison, ils ne savaient pas si elle serait là ou non.

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Julien Faugere / TVA Publications
Julien Faugere / TVA Publications

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As-tu pris du recul avant la rentrée?

Cet été, j’avais du temps et j’en ai pris. J’ai fait un voyage d’une semaine dans un tout-inclus avec mon amoureux pour parler de ce qui s’en venait pour nous et voir comment nous nous sentions par rapport à ça. C’est juste du beau, juste de l’amour. Je me suis installée à Montréal, mais j’ai aussi déménagé ma fille à Sherbrooke. J’ai pris le temps de voir ceux que j’aime et que je verrai peut-être moins à partir de la rentrée. Je me suis aussi occupée de ma mère, qui était en fin de vie.

Ève-Marie, je suis désolée d’entendre ça...

Mon été lui a été dédié. Au cours des dernières semaines, j’ai été à ses côtés et je l’ai accompagnée dans ses derniers jours. Toute la famille l’a soutenue. Elle est décédée le 15 août. Elle a reçu un diagnostic de cancer le 16 juillet. Tout s’est joué en environ un mois. Ma mère a demandé l’aide médicale à mourir. Elle est partie dans toute sa dignité. C’était sa volonté.

Comment avez-vous vécu son départ?

Toute sa famille était là pour elle. Il y avait beaucoup d’amour, de soutien, de la musique. Nous lui avons tenu la main. Il y a eu des larmes aussi, mais pas de sa part.

Tu l’as sentie en paix avec sa décision?

Oui. C’était la décision la plus assumée, la plus sentie qui soit. C’était ce qu’elle voulait.

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Tu prends la barre de Salut Bonjour alors que tu vis un grand deuil...

C’est vrai. Maman a toujours été très fière des trois enfants, très contente de ce qui m’arrivait. Je sais qu’à sa façon, elle sera à l’écoute le mardi 27 août... Elle m’accompagne. Mes deux parents, qui sont maintenant décédés, seront de fidèles téléspectateurs. J’ai beaucoup de peine. Perdre sa mère, je ne pensais pas que c’était un aussi grand chagrin. Il faudra que je m’habitue... Maman, je l’appelais tous les jours ou presque. Il me manque quelque chose. Je me donne du temps pour être triste. Je me donne du temps pour pleurer. Je me donne du temps pour chérir les beaux moments que j’ai vécus avec elle ces dernières années. Je suis indulgente envers moi-même. Je ne suis pas pressée de traverser ce deuil.

Ne reste que les beaux souvenirs, que tu pourras chérir...

Effectivement. Nous sommes allés dans son appartement, nous avons ouvert les albums de photos. Le jour de son décès, toute la famille est venue chez nous. Nous avons échangé. C’était beau de voir comme nous sommes unis, solides. C’est ce que ma mère nous a laissé: l’importance des rassemblements, d’être ensemble. Même si mes parents n’étaient plus ensemble depuis longtemps, ils nous ont légué cette valeur qu’ils avaient en commun: l’importance d’être là les uns pour les autres. C’est quelque chose que je chérirai encore longtemps...

Sur une note plus festive, tu viens de franchir le cap de la cinquantaine. Comment as-tu célébré cette nouvelle décennie?

Nous avons fait une fête à la maison avec ma famille et mes amis de longue date. Mon frère, ma soeur, mes oncles et mes tantes y étaient. J’avais prévu un traiteur de smoked meat! J’adore le smoked meat! (rires) Ce n’était pas un gros party chic, c’était plutôt champêtre. Il faisait super beau, les enfants ont joué dans la piscine et le soir, nous avons fait un feu. Ce n’était rien d’extravagant, mais j’ai bu du champagne toute la soirée! Mes amis m’ont taquinée. Ma soeur m’a fait un discours sur la préménopause. C’était de toute beauté et plein d’amour.

Pour lire l'entrevue complète, vous pouvez vous procurer le magazine 7 jours, en kiosque dès maintenant.

Ève-Marie prendra la barre de Salut, Bonjour dès le 27 août. L’émission est présentée du lundi au vendredi à 6 h 30, à TVA.

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