À Ottawa, les ministres ne sont au courant... de rien!
Philippe-Vincent Foisy
Le dossier de l’ingérence chinoise a mis en évidence un problème majeur à Ottawa: plusieurs ministres du gouvernement ne sont pas au courant d’informations cruciales...
Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a-t-il, oui ou non, informé le ministre de la Sécurité publique de l’époque qu’il y avait une tentative d’intimidation, orchestrée par le parti communiste chinois, dirigée contre le député Michael Chong?
Bill Blair assure que non puisque le SCRS jugeait qu’il n’en avait pas besoin.
Le grand patron du SCRS, David Vigneault, l’a toutefois contredit.
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«Le SCRS, et spécifiquement moi, avons partagé l’information au ministère de la Sécurité publique avec la directive très précise de la partager avec le ministre», a-t-il dit.
Donc, l’information s’est rendue à son bureau, mais son personnel ne la lui a pas transmise.
Paul Bernardo
Ce n’est pas le seul cas d’ignorance.
Le nouveau ministre de la Sécurité publique, Marco Medecino, s’est récemment dit choqué du transfert de prison de Paul Bernardo.
Ce tueur en série et violeur purgeait une peine à perpétuité dans une prison à sécurité maximale et il a récemment été transféré dans une prison à sécurité moyenne.
Pourtant, son ministère était au courant trois mois auparavant, selon des courriels obtenus par la CBC.
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Un problème de courriel?
Ils ne sont pas les seuls à avoir raté des informations importantes ces derniers temps.
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et son équipe ont dit avoir raté un courriel qui les informait qu’un employé du ministère participerait à une réception à l’ambassade russe... en plein conflit ukrainien.
Le courriel aurait permis d’éviter un imbroglio diplomatique...
Le ministre du Développement international, Harjit Sajjan, a dit qu’il avait raté un courriel lors de l’évacuation de l’Afghanistan.
Il ignorait qu’une sénatrice distribuait des documents de voyage non conformes aux Afghans qui tentaient de fuir leur pays, ce qui a rendu l’évacuation encore plus complexe.
Le trou noir bureaucratique
La conseillère à la sécurité nationale auprès du premier ministre, Jody Thomas, illustrait récemment la situation en parlant d’un trou noir.
Mais ça ressemble plus à un modus operandi inquiétant.
On parle ici d’employés politiques qui cachent de l’information à leurs patrons dans le but de les protéger.
Ils pourront plaider l’innocence.
Mais l’excuse est trop facile.
La ministre du Commerce international, Mary NG, l’a fait lorsqu’elle s’est fait blâmer par le commissaire à l’éthique : personne ne l’a avertie qu’elle ne pouvait pas accorder deux contrats à une amie!
Mais sommes-nous surpris?
L’exemple vient d’en haut. Justin Trudeau a aussi souvent plaidé l’ignorance.
Le premier ministre disait n’avoir aucune information sur la tentative d’ingérence chinoise lors des élections. Il ne savait pas combien exactement sa mère et son frère avaient été payés par WE Charity. Il ignorait aussi que les hôtes de ses vacances en Jamaïque étaient des donateurs libéraux.
Au moins, maintenant, les Canadiens le savent.