À l’aube de la cinquantaine, Brigitte Lafleur laisse la vie suivre son cours
Daniel Daignault
C’est une comédienne heureuse et enthousiaste que nous avons rencontrée tout récemment, et avec raison. Cet été, Brigitte Lafleur côtoiera cinq camarades qu’elle connaît bien dans le succès théâtral et cinématographique Le père Noël est une ordure, présenté à la Maison des arts Desjardins à Drummondville. Elle anticipe ce projet avec bonheur.
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Brigitte, vous aurez l’occasion de travailler avec Jean-Michel Anctil, Josée Deschênes, Mario Jean, Pierre-François Legendre et Claude Prégent... J’ai comme l’impression que vous allez avoir beaucoup de plaisir!
Ce sont toutes des personnes qui ont de la rigueur, qui sont allergiques à la non-efficacité et au non-rire. Il n’y aura pas de demi-mesure. Tout le monde veut travailler, on est tous à la même place. Retrouver Jean-Michel, avec qui j’ai joué pendant trois ans dans Les voisins, et Josée Deschênes, avec qui j’ai joué pendant 15 ans dans L’Auberge du chien noir, c’est du pur plaisir! Ce sont comme des retrouvailles familiales.
Parlez-nous de votre rôle dans cette pièce.
Je joue la fille qui est en couple avec le père Noël, un personnage haut en couleur. On est presque des gens sans domicile fixe. J’ai une grande gueule, alors que mon mari est une ordure. Je suis celle qui est faite pour être comique, qui parle mal et qui est enceinte. Mon personnage chuinte à cause de son dentier pas possible! C’est un petit défi, mais ça me fait bien rire et ça marche vraiment. André Robitaille, qui fait la mise en scène, a procédé à une petite adaptation du texte pour mettre ça en valeur. Dans cette pièce qui date des années 1980, il y a un humour propre à cette époque qu’on pourrait être frileux de jouer aujourd’hui. Mais comme c’est un classique, c’est très libérateur. Ça fait du de rire de nouveau et de faire des blagues sur certains sujets.
En quelques mots, pouvez-vous nous résumer l’histoire?
Détresse Amitié. Il y a deux personnes (Josée Deschênes et Jean-Michel Anctil) qui y font du bénévolat. Je vais débarquer avec mon mari, tout comme un transsexuel joué par Pierre-François Legendre. Et il y a aussi le voisin du dessus (Claude Prégent), un immigré fort sympathique qui veut donner ses cadeaux de Noël. L’endroit, où les gens se rendent pour trouver du réconfort, devient un méchant bordel, et ça culmine en mégacatastrophe!
C’est un projet qui va s’étaler sur trois ans?
Oui, mais pas en continu. Je viens de le vivre avec Les voisins — on a joué la pièce à 100 reprises —, et c’est extraordinaire. Il y a quelque chose de magique à jouer dans un spectacle aussi souvent. C’est le fun aussi de s’attaquer à des classiques et à de grands textes qui ont fait leurs preuves, comme Les voisins, et Le père Noël est une ordure.
Sinon, vous êtes dans une belle période de votre vie?
Oui, vraiment. Ça bouge beaucoup, mon chum a plusieurs projets de théâtre en même temps. On s’est rencontrés en 2003, Mario et moi, et on est mariés depuis 18 ans. Vingt ans ensemble, on va sûrement le souligner, et on pourrait peut-être fêter notre 20e anniver- saire de mariage dans deux ans, mais chaque fois que je dis ça, on ne le fait pas. On se gâte déjà dans la vie. Par exemple, je ne veux pas être fêtée à mon anniversaire, mais je souhaite avoir un gâteau, pour que ma fille puisse voir qu’on fête sa mère, qu’elle comprenne qu’elle n’est pas la seule à être fêtée dans la vie! Et c’est la même chose pour mon chum. Mais je ne veux surtout pas de surprise, on a toujours été comme ça.
C’était votre anniversaire le 30 avril.
Oui, j’ai eu 48 ans. Le chiffre ne me dérange pas. Ce sera peut-être autre chose à 50 ans. Mais depuis quatre ou cinq ans, je me rends compte que le temps passe... J’aperçois des pattes d’oie quand je souris, ce que je ne voyais pas auparavant. Je vois aussi des petites bajoues. On dirait que c’est apparu tout à coup. Je me dis: «Ben coudon, c’est ça la vie!» Je fais des traitements chez l’esthéticienne. Qu’est-ce que tu veux faire? (rires) J’essaie de m’entretenir, mais je ne peux pas faire de miracle non plus. En temps normal, je laisserais la vie suivre son cours, mais c’est toujours par rapport au métier qu’on a ces réflexions-là. Mais à un moment donné, tu ne peux pas avoir l’air de ce que tu n’es pas: si je veux jouer un personnage de 60 ans, ça ne se peut pas que je n’aie pas de rides dans le front. Je joue des personnages qui ont l’âge qu’ils ont, alors je m’autorassure avec ma peau qui descend. (rires) Je pense qu’on vit toutes ça à un certain moment. En même temps, je regarde ma mère et mes sœurs, et je les trouve belles et naturelles. Je trouve ça rassurant.
Va-t-on vous revoir dans une série télé cette année?
Oui, dans Alertes, qui est présentement en tournage. Je joue une médium, la mère du personnage incarné par Romane Denis. C’est vraiment le fun à faire. Ça fait longtemps que je me dis qu’on devrait jouer un duo mère-fille toutes les deux; ça fonctionne bien. J’avais fait les auditions pour la série sur Gabrielle Roy, et si ça avait fonctionné, j’aurais campé sa mère. Alors là, je suis bien contente que ça se concrétise. Je retrouve sur ce plateau d’anciens amis, dont Danny Gilmore, avec qui je suis allée à l’école. On n’avait pas eu l’occasion de retravailler ensemble depuis. Aussi, j’écris depuis un moment un projet pour la télé avec une copine. Ce serait un rêve pour moi que ça se concrétise. J’ai découvert l’écriture avec cette amie; c’est une vraie nouvelle passion, c’est de la créativité poussée à son maximum. Je touche du bois.
Peignez-vous toujours?
C’est dur de tout mener de front. J’en fais encore, mais vraiment moins qu’avant. Je n’ai pas le choix de me garder en vie là-dedans, j’ai encore des commandes. J’espère, depuis deux ans, être capable de monter une exposition. Le temps manque, mais tout finit par se placer. Et j’élève aussi un cochon à travers ça!
Un cochon?
Oui, un cochon miniature. C’est notre animal de compagnie parce que ma fille est allergique aux chiens, aux chats et aux chevaux. C’est vraiment hypoallergène. Ma fille est heureuse, elle est fière de son cochon, et ça va bien à l’école. Agathe a huit ans, elle est en troisième année. Elle a beaucoup d’amis, et je suis vraiment fière d’elle.
Le père Noël est une ordure sera présentée à compter du 30 juin à la Maison des arts Desjardins à Drummondville (monarqueproductions.com). Alertes sera de retour cet automne à TVA.
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