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Monde

À Détroit, le tramway est gratuit: une bonne idée pour Montréal?

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Mathieu Carbasse

2022-10-12T11:00:00Z
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L’idée de rendre le transport en commun gratuit pour tout le monde vous paraît utopique? C'est pourtant ce que propose la ville de Détroit, aux États-Unis. Depuis un an, la ligne de tramway qui dessert son centre-ville est accessible gratuitement. Et les usagers répondent présents, puisque leur nombre a doublé depuis le début de l’initiative. De quoi donner des idées à Montréal ou à Québec? 

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C'est durant la pandémie que l’idée de rendre gratuite la seule ligne de tramway de Détroit s’est imposée. Lancée en 2017, la QLine avait vu sa fréquentation baisser dès l’instauration d’un tarif unique de 1,50$ quelques mois après sa mise en service. La crise sanitaire a donc donné à la direction l'occasion de prendre du recul et de repenser son offre. 

La QLine dans le centre-ville de Détroit
La QLine dans le centre-ville de Détroit Photo: Mathieu Carbasse

«Nous avons relancé la QLine en septembre 2021, après un an et demi d’interruption de service en raison de la pandémie. Pour faire en sorte que les usagers soient de retour, nous avons décidé de la rendre totalement gratuite. Cette initiative a permis de ramener des communautés au centre de Détroit», explique Rachel Schmuhl, gestionnaire générale de M-1 Rail, la société qui exploite la QLine. 

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Du lundi au samedi, de 8h à minuit (21h le dimanche), la QLine dessert donc le centre-ville de la plus grande ville du Michigan, à une fréquence d’un tramway toutes les 15 minutes environ. La ligne compte 10 arrêts entre le terminus de Congress Street, au cœur du quartier des affaires, et celui de Grand Boulevard, situé à 5,3 km en direction nord, dans le quartier de Midcenter. 

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Le nombre d’usagers a doublé 

Sur le plan de la fréquentation, les chiffres sont au rendez-vous depuis l’instauration de la gratuité. Alors que la QLine déplaçait 35 000 usagers en septembre 2021, elle en transporte aujourd’hui plus du double: 73 000 pour le seul mois d’août 2022. Certes, ce chiffre est à relativiser, avec la reprise progressive du travail en présentiel dans les bureaux du centre-ville, mais le succès n’en demeure pas moins bien réel.  

«Les gens prennent la QLine pour sortir, pour se rendre à des événements, des concerts, des spectacles, des matchs de football ou de baseball [mitoyens, les stades des Lions et des Tigres sont situés en plein cœur de la ville sur le tracé de la ligne de tramway, NDLR]. Avec la QLine, pas besoin de chercher un stationnement, ça fait toute la différence!» poursuit Mme Schmuhl. 

Les étudiants sont également nombreux à monter dans la QLine: le tracé traverse le quartier de Midtown, où se situe l'Université de Wayne State et ses 25 000 étudiants.  

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La QLine dessert notamment l'Université de Wayne State et ses 25 000 étudiants.
La QLine dessert notamment l'Université de Wayne State et ses 25 000 étudiants. Photo: Mathieu Carbasse

«Les terminus sont les stations où on constate la plus grande fréquentation. C’est une très bonne nouvelle puisque ça signifie que les gens, notamment au terminus de Grand Boulevard, laissent leur auto ou arrivent avec un autre moyen de transport pour ensuite regagner le centre-ville. Ils profitent du stationnement gratuit et ne prennent pas leur auto pour se rendre dans le centre», explique encore Rachel Schmuhl.  

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«Seul bémol peut-être: la gratuité fait qu’on retrouve des populations très marginalisées, dans la QLine, ce qui peut être problématique», précise-t-elle. 

Un budget de 15 M$ 

Sur le plan du financement, le budget total de la QLine s’élève à près de 15 millions de dollars (CAD), selon l’entreprise. De ce total, environ 6 millions proviennent de contributions privées, le reste d'un fonds d'État pour le développement ainsi que d'une aide fédérale liée à la relance postpandémique.  

Aux États-Unis, l'idée d'offrir des trajets gratuits a fait son bonhomme de chemin dans le milieu des transports publics. Les tramways des villes de Cincinnati et de Kansas City sont actuellement gratuits. Détroit a donc aussi pu profiter de ces expériences pour tenter à son tour le pari. 

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Quant à savoir si l’expérience sera renouvelée, il n’existe à ce jour «aucun plan de la rendre payante à nouveau», fait savoir Rachel Schmuhl. 

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S’il n’est donc pas prévu de changer de modèle en 2023, la direction de la QLine avance pour sa part que la gratuité, prolongée au mois d’avril jusqu’à la fin de l’année, pourrait durer plus longtemps, au fur et à mesure de l'évaluation des résultats de ce projet pilote. 


Les utilisateurs racontent  

Photo: Mathieu Carbasse
Photo: Mathieu Carbasse

«Je vais au centre-ville pour sortir avec mes amis. J’habite à un bloc du terminus de la station Grand Boulevard. C’est donc très pratique pour moi, pas besoin de voiture, pas de problème de stationnement quand je sors ou que je vais à un événement. Je m’y sens en sécurité même si la consigne du port du masque obligatoire n’est pas vraiment respectée.» − Tori, 25 ans 

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«J’utilise la QLine deux fois par jour pour me rendre à l’université. C’est très pratique, j’ai juste à attendre cinq ou dix minutes et à monter dans le tramway. Si demain il fallait que je paye, je le ferais certainement, 1,50$ ou même 2$, ce n’est pas grand-chose. De toute manière, en tant qu’étudiante, les transports publics sont gratuits, donc ça ne changerait rien pour moi...» − Ayesha, 24 ans 

Photo: Mathieu Carbasse
Photo: Mathieu Carbasse

«Je viens du milieu de nulle part en Ohio, un endroit où il n’y a aucun transport public. Alors c’est sûr que je trouve la QLine fantastique. Surtout, je souffre d’un handicap physique, au niveau des genoux, qui m'empêche de conduire ou de marcher sur de longues distances. Alors, même si c’est juste pour me déplacer de quelques blocs, c’est très pratique pour moi!» − Eamon, 30 ans

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