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L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

À 75 ans, l'OTAN est plus forte que jamais, mais les menaces planent

Photo d'archives, AFP
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Agence France Presse

2024-04-02T02:36:31Z
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L'OTAN n'a jamais été aussi forte, mais la guerre en Ukraine, et un éventuel retour de Donald Trump à la Maison-Blanche menacent cette alliance créée il y a 75 ans.

• À lire aussi: L'OTAN a 75 ans, et une histoire parfois méconnue

Lancée le 4 avril 1949 pour faire face à l'Union soviétique, l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) se retrouve sans ennemi à la fin de la guerre froide et en quête d'une vocation et de nouvelles missions.

Beaucoup s'interrogent alors sur son avenir. Le président français Emmanuel Macron la jugera même en «état de mort cérébrale» en 2019.

Deux ans plus tard, elle subit aussi l'humiliation d'un retrait en catastrophe d'Afghanistan, décidé par les États-Unis en août 2021.

L'invasion russe de l'Ukraine le 24 février 2022 va la «réveiller» avec «le pire des électrochocs», selon le président français.

Inquiets pour leur sécurité, la Finlande et la Suède renoncent alors à des décennies de neutralité pour rejoindre l'OTAN, désormais forte de 32 membres.

Menace russe

L'OTAN a retrouvé son ennemi d'hier et sa mission première: contrer la menace russe.

Or, celle-ci se fait de plus en plus dangereuse sur le champ de bataille en Ukraine, où les forces russes sont désormais à l'offensive.

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Et pour l'OTAN, une victoire de la Russie n'est pas une option, même si l'Alliance n'est pas directement engagée sur le champ de bataille.

Une défaite de l'Ukraine rendrait «le monde plus dangereux» et l'Europe «plus vulnérable», ne cesse de rappeler son secrétaire général Jens Stoltenberg.

Elle «augmenterait le risque d'une Russie plus inflexible», ajoute James Black, expert auprès de la Rand Corporation à Londres, interrogé par l'AFP. Plus agressive aussi.

«Nous devons nous préparer à toutes sortes de menaces», a ainsi déclaré la semaine dernière le premier ministre finlandais Petteri Orpo, lors d'un sommet de l'Union européenne à Bruxelles.

Dans les mois qui viennent, «la Russie va chercher à obtenir le maximum sur le champ de bataille avant un retour éventuel de Donald Trump à la Maison-Blanche», explique de son côté un diplomate de l'OTAN, interrogé par l'AFP.

Le retour de Trump

Car la menace la plus sérieuse n'est peut-être pas à l'est, mais à l'ouest.

La perspective d'un retour de Donald Trump à la tête des États-Unis, premier contributeur et de loin aux ressources de l'OTAN, hante les esprits à Bruxelles, même si officiellement, personne n'en parle.

Ses déclarations affirmant qu'il était prêt à abandonner les Alliés, «mauvais payeurs», à leur triste sort face à la Russie, sont encore dans toutes les têtes.

Les États-Unis depuis longtemps, et M. Trump, en particulier, reprochent aux Européens de ne pas en faire assez pour leur propre défense.

«Le problème avec Trump, ce ne sont pas tant ses idées, mais son imprévisibilité», souligne Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint à l'OTAN, interrogé par l'AFP.

«Il suffit d'un tweet» ou d'une déclaration semant le doute sur l'engagement américain auprès de ses alliés pour affaiblir l'Alliance tout entière, relève M. Grand, aujourd'hui expert auprès du Conseil européen pour les Affaires étrangères (ECFR).

Avec ou sans Trump, «il y a un risque réel que les États-Unis soient moins fiables, qu'ils rechignent à assumer leur leadership», avertit de son côté James Black. Une aide de quelque 60 milliards de dollars à l'Ukraine, promise par le démocrate Joe Biden, est toujours bloquée au Congrès, en raison de l'opposition d'élus républicains trumpistes.

L'OTAN pourrait-elle survivre à un désengagement américain ?

«Non, impossible», assure à l'AFP un diplomate de l'Alliance. «Ce serait un effort énorme pour les Européens», affirme de son côté James Black.

À l’avenir, «l’OTAN sera plus européenne», juge toutefois Camille Grand, pour qui il est inévitable que les Européens prennent davantage leur sécurité en main.

L'Alliance sera aussi sans doute un peu plus asiatique. Les États-Unis seront de plus en plus focalisés sur la Chine, explique Camille Grand, et il sera donc nécessaire qu'elle «démontre sa contribution dans la compétition avec la Chine», en s'engageant davantage par exemple dans le cyber, le spatial et les technologies.

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