À 52 ans, Geneviève Brouillette est plus en forme que jamais
Michèle Lemieux
Si la cinquantaine n’a rien changé à sa vie, Geneviève Brouillette apprécie toutefois la bienveillance qu’on développe envers soi-même au fil du temps. En prime, le fait de surveiller son alimentation lui a permis de perdre 30 livres, sans privation aucune. Plus en forme que jamais, la comédienne sera au théâtre tout l’été dans À la folie!, une comédie qui traite de la maladie d’Alzheimer.
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Geneviève, on te verra tout l’été au théâtre dans la pièce À la folie!. Heureuse de renouer avec le théâtre?
Oui, ça faisait un moment que j’avais joué au théâtre, mais quand j’ai lu le texte, je me suis dit qu’il fallait que je sois du projet. Quand j’ai su quels acteurs étaient de la distribution (Francine Ruel, Guy Richer et Marilou Morin) et qui était le metteur en scène (Marcel Pomerlo), ç’a été pour moi d’autres raisons d’en faire partie. Je serai donc à Cowansville tout l’été. Le théâtre est situé tout près de mon chalet dans les Cantons-de-l’Est. C’est aussi pour ça que j’ai accepté. Pouvoir profiter de mon chalet le jour et aller jouer le soir, c’est la situation idéale! Ma saison préférée dans la vie, c’est l’été. Et c’est tellement beau à la campagne! J’aime profiter de cette période.
La pièce traite de la maladie d’Alzheimer... et c’est une comédie?
Oui, une comédie dramatique. On aborde la proche aidance de manière à la fois humoristique et émouvante. Il y a des gags hilarants, mais aussi des moments touchants. Ce sera une belle balade en montagnes russes. Il y a aussi de la musique, car Guy Richer chante des chansons de chanteurs français et américains incontournables. Les gens vont passer une belle soirée! L’alzheimer est une maladie pénible pour la personne atteinte, mais aussi pour son entourage. De mon côté, je n’ai pas connu de gens aux prises avec ce déclin cognitif autour de moi. Mais ceux qui ont vécu cette situation vont se reconnaître et s’amuser. Guy, qui a écrit la pièce, a fait beaucoup de recherches sur le sujet pour que le tout soit réaliste. Je joue l’infirmière qui s’occupe de la mère du personnage de Guy. Ce dernier a 60 ans, mais c’est encore un ado qui n’a jamais pris ses responsabilités. Il a une fille de 30 ans, dont il s’est peu occupé. Il apprend que sa mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer, alors il devra s’en occuper. Comme il est un spécialiste du déni, mon personnage l’amènera à comprendre chacune des étapes à traverser. Sur le plan professionnel, je tournerai aussi dans Un gars, une fille cet été. Et je suis en train d’écrire...
Un roman, semble-t-il?
Oui. Ça fait sept ou huit ans que l’écriture est dans ma vie. J’ai développé des projets qui n’ont jamais abouti. Après District 31, j’ai commencé un roman et j’ai vite constaté que j’avais du plaisir à l’écrire. J’aimais ne pas avoir à convaincre qui que ce soit d’investir pour qu’il voie le jour. J’en suis à peaufiner ma première version. J’ai même un éditeur. J’ai de la chance... Le désir est là. Le bonheur est là. J’ai soif de prendre parole. Avec la maturité, j’ai moins peur que ça ne plaise pas. Si moins d’offres se présentent, ce sera l’occasion de faire autre chose. On verra.
Sais-tu à quel moment tu souhaites l’avoir terminé?
Non. Je suis rendue à une étape dans ma vie où les choses se transforment. La cinquantaine marque un tournant. Du côté de ma vie créative, je sais ce que j’ai envie de vivre et ce que je n’ai pas envie de vivre. Je protège ma créativité, le temps que ça me prendra. Je ne veux pas que quiconque puisse contrôler mon horaire. J’en ai fait du travail sous pression. Là, j’ai choisi de rendre ça doux pour moi, que ça ne soit jamais «rushant» et que ça soit juste du plaisir. Je suis bonne envers moi-même.
C’est important d’arriver à être indulgent envers soi-même?
Oui. Avant, je n’avais pas besoin de personne pour me torturer: j’étais capable de le faire toute seule! Avec le temps, certains changements s’opèrent. Avec toutes les démarches qu’on fait dans une vie, entre autres les thérapies, il faut bien que ça porte fruit! La vie passe vite. Je n’ai pas envie de me rendre malheureuse... C’est aussi le propos de la pièce de théâtre. On peut se demander: «Qu’est-ce que je fais avec ce qui m’arrive?» On ne contrôle pas ce qui nous arrive, mais on peut décider de la manière dont on aborde les événements.
À quoi correspond la cinquantaine pour toi?
Je ne fais pas vraiment de bilan. Quand j’ai eu 50 ans, j’ai trouvé ça super. J’ai adoré! Mes amis m’ont organisé un gros party. J’ai des amis qui sont morts du cancer ou d’autres saloperies avant leur 50e anniversaire. Moi je suis vivante. Je vais bien. Tout va bien. C’est plus le regard que la société porte sur la cinquantaine qui nous force à constater qu’on a 50 ans. C’est à nous de choisir d’embarquer là-dedans ou non. Avoir 50 ans, c’est comme en avoir 40. Je n’ai pas de limitations physiques. J’ai même perdu du poids; plus de 30 livres. Je me sens plus belle. J’ai retrouvé la forme que j’avais à 30 ans. Il a d’ailleurs fallu que je change ma garde-robe, car je porte maintenant deux tailles de moins. Pour ce faire, j’ai pu compter sur la créatrice de mode Mélissa Nepton et la compagnie Lisette L.
C’est à la suite d’une démarche que tu avais entreprise?
Oui. Ça faisait 10 ans que j’essayais de perdre du poids et ça ne fonctionnait pas. J’ai essayé toutes sortes de choses. Quand j’ai fini District 31, j’ai trouvé une méthode et elle me convenait. Je ne me sentais pas privée. Ça n’a même pas été difficile.
Comment as-tu fait?
J’ai utilisé l’application Noom. À l’époque où je l’ai utilisée, l’application était exclusivement en anglais. Le principe est simple: on compte nos calories et on se pèse tous les jours. Je dirais que la force de cette application, c’est que c’est fait par des psychologues et des nutritionnistes. Tous les jours, il y a un article à lire sur les comportements alimentaires. Il n’y a aucune interdiction. On apprend à se réguler soi-même. On apprend à se nourrir de manière plus équilibrée. Moi, me faire dire «coupe le pain, coupe les pâtes», ça ne marche pas. On ne peut pas tenir ce rythme à long terme. Avec cette approche, on suggère de choisir ses moments, de choisir ses combats. C’est une façon de faire très équilibrée et, même si ça fait un an et demi, je n’ai pas repris le poids perdu.
En combien de temps as-tu perdu ce poids?
J’ai mis six mois à perdre 30 livres. J’ai changé mes habitudes, mais sans que ce soit radical. Je mange au restaurant et je ne fais pas de régime. Par contre, j’ai compris que certains aliments sont plus caloriques que d’autres, tandis que je peux manger certains aliments à volonté. Je répète pour le théâtre actuellement, et j’arrive toujours à la répétition avec un Ziploc rempli de raisins. Je suis contente de manger ma collation et ça m’évite d’arriver au dîner affamée. Comme je fais beaucoup de route, j’ai toujours un plat rempli de crudités à mes côtés. Ces petites habitudes participent vraiment au succès de cette approche.
La pièce À la folie! sera présentée du 14 juillet au 19 août à l’Espace Diffusion, à Cowansville.
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