À 50 ans, Caroline Néron est plus heureuse que jamais
Saskia Thuot
C’est par une chaude journée ensoleillée que je me prépare à recevoir Caroline Néron. Elle entre chez moi tout sourire en m’offrant une bouteille de blanc bien froid. À l’heure du 5 à 7, on profite de la belle saison et on trinque au renouveau et à la vie qui, malgré les épreuves, est magnifique!
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Caroline carbure aux projets et à la création. La femme d’affaires a connu de belles réussites, mais a aussi vécu son lot d’épreuves. Quand elle parle de sa faillite qui a été largement médiatisée, elle fait référence à ce moment de vie comme si elle avait fait face à la guerre. «Tu sais, la guerre, c’est les autres qui la font, ce n’est pas toi, mais tu n’as pas le choix de la traverser. Je ne voulais pas faire faillite, mais j’ai dû me rendre à l’évidence, c’était une question de survie. Ce fut certainement la décision la plus difficile de ma vie. J’ai dû plonger dans le vide pour repartir à zéro. Je me suis rebâtie, brique par brique.»
LA VRAIE NATURE DES GENS
Afin de récupérer son entreprise, elle a travaillé pendant deux ans pour rembourser son créancier. Au bout de ces deux années, elle a racheté sa compagnie. «Avec Julie, qui travaille avec moi depuis longtemps, on a occupé tous les postes possibles pour payer ma dette. Ensuite, j’ai pu faire une offre et racheter mon entreprise. Julie a été d’un grand soutien: elle a traversé la guerre avec moi et elle est maintenant ma partenaire d’affaires. Quand tu traverses un creux comme ça, avec des centaines d’articles qui te font mauvaise presse, les gens s’éloignent, personne ne t’aide ou très peu. C’est là qu’on voit la vraie nature des êtres humains. Tellement de gens ont soudainement disparu de ma vie, ç’a été horrible. Mais j’avais la santé, ma famille, des amis et Julie qui ne m’ont jamais abandonnée et qui m’ont donné la force de continuer. Depuis toujours, je suis une entrepreneure et une créatrice, et ça, je n’en ai jamais douté, même dans les moments les plus durs. Mais j’ai dû tra- vailler très fort pour me reconstruire.»
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ACCOMPAGNER SA FILLE
Elle raconte ce moment de vie difficile avec beaucoup d’humilité, de vérité et de lucidité. Un passage dans son parcours qui fait d’elle la femme qu’elle est aujourd’hui. «On n’est jamais à l’abri d’une dégringolade, mais je suis maintenant mieux outillée, je fais des choix qui m’allument, qui m’inspirent, et surtout je fais ce que j’ai envie de faire. Et c’est incroyable le beau qui arrive dans ma vie.» Alors qu’elle avait mis une croix sur sa carrière de comédienne, le métier est revenu à elle au moment où elle s’y attendait le moins. «J’étais en pleine pente descendante quand j’ai reçu un appel pour une audition dans un film (La déesse des mouches à feu, dans lequel son jeu lui a valu d’excellentes critiques). J’ai décroché le rôle, et j’ai retrouvé le bonheur de jouer. (Tout récemment, on a appris que Caroline avait tourné dans le film Anna Kiri Superstar qui prendra l’affiche en 2024.) En même temps que ce beau cadeau est arrivé, ma fille m’annonce qu’elle veut devenir comédienne. C’est aussi à neuf ans que je talonnais mes parents pour avoir un agent. Incroyable, le cycle de la vie! Quand Emanuelle m’a dit qu’elle aussi voulait faire ça dans la vie, j’ai ressenti une connexion spéciale avec ma fille, et comme mes parents, j’ai choisi de l’accompagner dans son rêve.»
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LA RIGUEUR AVANT TOUT
La discipline est au cœur de la vie de Caroline. Levée aux aurores, elle travaille sans compter. Cette rigueur, elle l’applique dans toutes les sphères de sa vie et l’inculque aussi à Emanuelle. «J’ai une relation extraordinaire avec ma fille, nous avons énormément de plaisir ensemble, mais la discipline est primordiale. Quand elle a une audition à préparer, j’enfile mon chapeau de coach. Je prends ça au sérieux, et elle doit le faire aussi. Elle doit arriver préparée, connaître ses textes par cœur. J’ai toujours été très organisée dans tout ce que je fais. Même chose quand j’arrive sur un plateau de tournage: je connais mon texte sur le bout des doigts. Pour embrasser un personnage et s’y plonger pleinement, maîtriser son texte est la base. Je suis très sévère là-dessus, pour moi et pour ma fille. C’est essentiel pour notre équilibre familial, et on l’applique autant à la maison qu’au travail et à l’école. Sa vie d’étudiante est importante, elle doit y mettre du temps et du travail. Même chose pour une audition: si elle ne se prépare pas adéquatement, elle a peu de chances d’être retenue. Si elle décroche un rôle, c’est parce qu’elle est bonne, et ça, ça demande du talent, mais aussi beaucoup de rigueur.» Pour l’accompagner dans sa vie bien remplie, elle fonctionne avec un horaire précis; c’est sa façon de ne rien oublier et, surtout, de se libérer la tête. Même si la liste est parfois bien longue, ça devient un guide, parce qu’il est si facile de perdre du temps. «Je me dis que je pourrais avoir trois vies en une alors, comme tout va si vite, un horaire est indispensable. Je sais que je n’arriverai peut-être pas à tout faire et ce n’est pas grave. Par contre, je maximise chaque instant. Je pourrais très bien m’installer devant la télé ou l’écran pendant cinq heures, mais je choisis plutôt de le faire pendant deux heures et de passer trois heures à faire autre chose. Je suis tout le temps en mode création, ça bouillonne, et j’ai tellement d’idées et de projets que bien gérer mon temps est nécessaire.»
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DE PROJET EN PROJET
À la marque Caroline Néron — qui englobe toutes les collections de bijoux — s’est ajoutée depuis peu une gamme de maquillage, Les essentiels (qui connaît un mégasuccès), et de sa collaboration avec la boutique érotique Séduction est née la collection de vibrateurs Libre et assumée. Pour présenter celle-ci, Caroline a eu l’idée d’accompagner le tout de capsules humoristiques. «Je sais qu’il y a de nombreux préjugés entourant les vibrateurs. Pourtant, tout comme la santé mentale, la santé sexuelle est au cœur du bien-être. J’adore écrire et réaliser des capsules. Elles sont toutes imaginées et filmées par mon équipe et moi. On a un plaisir fou à faire ça et les réactions sont très positives.» J’acquiesce, pour en avoir vu plusieurs. Je les trouve ingénieuses, rafraîchissantes et très drôles. «Merci, Saskia! L’humour est une bonne façon de communiquer, ça permet d’aborder tous les sujets, parfois même les plus tabous. Quand on met de l’avant des vibrateurs, ça ouvre des discussions, et je sais que ça améliore la vie de plusieurs personnes, pas juste individuellement, mais pour les couples aussi. Je reçois des témoignages très touchants à ce sujet. Je travaille d’ailleurs aussi sur une collection de lingerie, un autre projet très excitant!» Caroline en profite pour remercier au passage les Québécois, qui n’ont jamais cessé de l’encourager. «Je fais un métier public depuis très longtemps et les Québécois ont toujours été d’un grand soutien, même dans les moments les plus durs. Je leur en serai éternellement reconnaissante. Les gens ne le savent peut-être pas, mais chaque mot, chaque message d’encouragement a été un baume et un carburant pour continuer. Je me sens très privilégiée.»
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LE BONHEUR À 50 ANS
Elle s’arrête, regarde autour, caresse mon chat, jase un brin avec mon fils qui revient du travail. Je la sens bien. Elle me remercie de la recevoir. À quelques jours de son 50e anniversaire, je me dis que c’est une belle façon de commencer les célébrations. «Je suis heureuse d’arriver à 50 ans! (Elle a eu 50 ans le 21 juillet dernier.) Bien sûr, je ne suis plus la même qu’à 20 ans. Mais je suis là. Oui, mon corps a changé, mais je ne m’en fais pas avec ça. Bon, peut-être que je vais m’entraîner un peu plus. (Elle rit.) Dans ma vingtaine, certaines femmes étaient horribles avec moi et je me suis juré de ne pas vieillir ainsi. La beauté est partout, peu importe l’âge. Je vais l’encenser et la mettre de l’avant. Vieillir est un privilège, il faut célébrer! En plus, les mois à venir seront remplis de magnifiques projets, je suis tellement heureuse!»
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UN CADEAU DE LA VIE
C’est entourée de ses amours qu’elle entame cette nouvelle décennie. Sa famille, dont elle est très proche, ses amis et son amoureux, Luc. «Cet homme est un cadeau de la vie! Je suis très proche du papa d’Emanuelle, Jean-Marc, et de sa blonde, Nathalie. Ils ont été très présents dans mes moments les plus durs. C’est d’ailleurs Jean-Marc qui m’a présenté mon amoureux. En plus, on s’entend super bien tous les quatre. N’est-ce pas le plus beau des scénarios? Luc est présent, généreux, c’est juste beau. Tout le monde capote sur Luc. Il a le cœur sur la main, il aime les gens tels qu’ils sont, sans jugement, c’est un humain exceptionnel. Des fois, ma fille et moi on le regarde aller et on se dit comme on est chanceuses de l’avoir dans notre vie. Il a quatre merveilleux enfants, tous aussi zen que lui. Je remercie mon ex et la vie de l’avoir mis sur mon chemin, notre chemin.»
C’est l’heure du départ pour Caroline qui commence très tôt le lendemain le tournage d’un court métrage intitulé Molosse. Le temps d’un câlin, d’une photo souvenir, et elle prend la route. Je trouve que son slogan Libre et assumée lui va à merveille. Merci Caroline, à bientôt!
Pour en savoir plus sur ses bijoux de corps, ses vibrateurs et sa collection de maquillage.