Selon une étude canadienne, 80% des jeunes filles retouchent leur photo
Marika Simard
Selon une récente étude, une forte proportion de jeunes filles canadiennes, 80% d'entre elles, modifie son corps ou son visage à l'aide d'applications.
Des experts ont interrogé des jeunes filles canadiennes âgées entre 10 à 17 ans pour connaître leurs habitudes de consommation sur les réseaux sociaux. Le projet Dove pour l'estime de soi s'est penché sur la pression exercée sur les jeunes filles, notamment depuis le début de la pandémie.
L'étude révèle que, depuis un peu plus d'un an, elles passent plus de temps sur leur écran. Par le fait même, elles sont plus exposées aux idéaux de beauté. Souvent inatteignables, ces images poussent les jeunes filles à modifier leur visage ou leur corps avec des applications.
Autrefois réservées aux professionnels de la photographie, ces applications pour modifier l'apparence peuvent avoir des conséquences. Désormais, elles se retrouvent à forte proportion entre les mains des jeunes filles, qui les utilisent sans encadrement.
Avant de publier une photo d'elles sur les réseaux sociaux, tout près de 70% des jeunes filles tentent de retoucher un trait de leur visage ou de masquer une partie de leur corps. L'étude note une corrélation évidente entre la faible estime de soi et la retouche de photo.
L'étude montre que les différents visages, qui sont de plus en plus montrés dans les médias, ont une influence positive sur ces jeunes filles. En effet, près de 70% d'entre elles ont révélé qu'elles se sentiraient moins jugées et moins préoccupées par leur apparence physique si les images qu'elles voyaient étaient fidèles à la réalité.
Les parents devraient aussi avoir une conversation franche et ouverte avec leurs filles sur la pression subie sur les réseaux sociaux. Ceci pourrait les aider à vivre des expériences plus positives avec l'image qu'elles ont d'elles-mêmes. Pour le moment, seulement 30% des parents entament cette discussion.
Plus près de nous
Dre Stéphanie Léornard, psychologue et fondatrice de l'organisme Bien avec mon corps, était de passage à Salut Bonjour! pour discuter de la portée de cette étude. Selon elle, c'est un adolescent sur deux qui n'aime pas son apparence physique au Québec.
« Ce qui arrive c'est qu'on se retrouve avec des jeunes, qui traversent une période de grande vulnérabilité, dans laquelle ils essaient de se définir et d'être bien, précise la psychologue. Il se crée alors un écart entre ce que la société considère beau et ce qu'ils sont, en tant qu'individu ».
C'est à ce moment que les jeunes sont portés à magnifier ou retoucher leurs photos. Au fond d'eux, ces jeunes-là savent que l'image qu'ils ont projetée, notamment sur les réseaux sociaux, n'est pas réelle. C'est pour cette raison que ces applications-là sont associées à une moins bonne image corporelle, et à la dévalorisation de soi.
« Cet égard-là fait mal [...] car on se fait féliciter, par des likes ou des commentaires, pour une image qui n'est pas réellement la nôtre. C'est très nocif pour l'estime de soi », explique la fondatrice de l'organisme Bien avec mon corps.
Il a été prouvé que si on indiquait qu'une photo ou une vidéo avait été modifiée, les jeunes auraient une meilleure estime d'eux-mêmes.
« Je prône le fait qu'on puisse utiliser ces filtres-là, mais qu'il y a eu une modification. Il faut le faire pour nos jeunes qui sont dans une période de grande vulnérabilité », conclut Dre Stéphanie Léonard.