Ce resto-bar lance des 5 à 7 sans alcool et voici quatre mocktails originaux que nous avons essayés
Les nouvelles recettes n’essaient pas de singer les drinks alcoolisés connus et innovent avec des arômes inédits


Louis-Philippe Messier
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
La plupart des bars à la mode offrent une gamme de consommations sans alcool, mais voici qu’un établissement du centre-ville de Montréal va plus loin et organise carrément des 5 à 7 sans alcool.
L’initiative du «janvier sec» (Dry January), d’origine britannique, et le Défi 28 jours sans alcool de la maison Jean-Lapointe, en février, sont derrière nous.
C’est toutefois maintenant que le resto-bar de l’hôtel Champlain, à Montréal, de son petit nom le Lloyd, se met en mode sans alcool sur une base régulière.
«Ce n’est pas une opération qui dure un mois seulement, ce sera tout le temps comme ça: le mercredi et le vendredi», m’explique Kim Carmel, des relations publiques de l’hôtel.
Mme Carmel me parle en sirotant un Brume d’Éden (19$).

Parfum étonnant
Ce cocktail très odoriférant me fait sursauter lorsque j’y goûte.
Je jette un regard interrogateur au barman géant.
«Tu trouves que ça sent quelque chose comme le vieux parfum, c’est ça?» me demande en riant Laurent Beloeil.
Ce barman de 30 ans d’expérience a conçu cette recette en s’inspirant des fragrances et des goûts propres au sud de la France, où il a grandi.
«Cette odeur qui t’a saisi, c’est celle de l’eau de fleur d’oranger, qui est très prenante et qui peut rappeler certains parfums», m’explique-t-il.
Après quelques gorgées, mes papilles (et mes narines) s’acclimatent et je commence à bien aimer cette Brume d’Éden ultra-agrumée.
À cette eau de fleur d’oranger se mélangent du jus de canneberges blanches, du jus de lime, du sirop de sureau et une boisson spécialisée pour les mocktails, le Seedlip Grove 42.
Postéthylique
Jusqu’à nouvel ordre, les 5 à 7 du Lloyd sont associés avec cette marque britannique novatrice, Seedlip, pour sa carte sans alcool.
«Ce qui est original et rare avec cette compagnie, c’est qu’elle s’est émancipée de l’imitation des alcools», me raconte M. Beloeil.
«Ses produits ne prétendent pas être des versions vierges du gin, de la vodka ou du rhum, ce qui ouvre plein de possibilités gustatives inédites pour les créateurs de cocktails», s’enthousiasme-t-il.

Les mocktails chez Lloyd n’essaient pas, eux non plus, de singer les sempiternelles recettes alcoolisées.
Le Zéphyr Ardent (20$), mon préféré pour cause de «piquance» agréable, combine citron vert, agaves, pamplemousse et jalapeno.
Le Root Awakening (16$) est minéral, légumé, et met en vedette un jus de betterave maison du Lloyd aromatisé à la cardamome et au citron noir (c’est-à-dire des limes saumurées et séchées au soleil).
N’ayant pu trouver de gardienne pour mon fils de 9 ans, Gustave, ce dernier m’accompagne et partage mes cocktails... puisqu’il n’y a aucun alcool!
Son préféré fut le très fruité Pom-Tini (17$) avec du sirop de chocolat rose et du citron vert.

Si vous sourcillez devant les prix de cette carte vierge (que j’ai indiqués entre parenthèses), songez que les substituts et spiritueux alternatifs se vendent au même prix que les boissons alcoolisées régulières.
«Environ un cocktail sur dix qu’on me commande est sans alcool et la demande est plus forte le midi que le soir», estime M. Beloeil.