Guerre en Ukraine: 7 choses que vous devez comprendre pour y voir plus clair
Gabriel Ouimet
Donbass, Crimée, accords de Minsk, finlandisation: le conflit entre l’Ukraine et la Russie est complexe. Parce qu’il est parfois difficile de s’y retrouver, on vous décortique sept termes ou concepts souvent utilisés pour expliquer le conflit.
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1- Régions prorusses: Donbass, Lougansk, Donetsk
Le Donbass, c’est la région la plus à l’est de l’Ukraine. Elle partage une frontière avec la Russie. C’est un énorme bassin minier et industriel de plus de 66 000 kilomètres carrés, économiquement très important pour l’Ukraine et où vivent plus de trois millions de personnes. Culturellement, c’est aussi une des régions les plus proches de la Russie. La langue la plus parlée y est d’ailleurs le russe, et non l’ukrainien.
Géographiquement, le territoire du Donbass est à cheval entre l’Ukraine et la Russie. Il est formé de trois régions, qu’on appelle «oblast», dont deux se trouvent en Ukraine: Lougansk et Donetsk.
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Depuis la défaite du président prorusse Viktor Ianoukovitch et l’annexion de la région de la Crimée en 2014, le Donbass est le théâtre de combats entre l’armée du nouveau régime ukrainien et des séparatistes prorusses, soutenus par Moscou.
Les séparatistes affirment d’ailleurs que Lougansk et Donetsk sont des «républiques», indépendantes de l’Ukraine. Les États-Unis, l’ONU et l’Union européenne ne reconnaissent toutefois pas ce statut. D’ailleurs, même la Russie n’avait pas reconnu leur indépendance avant que Vladimir Poutine ne le fasse cette semaine.
2- Crimée
La Crimée, c’est une péninsule bordée par la mer Noire, dans le sud de l’Ukraine. Elle est historiquement séparatiste (et donc prorusse). En 2014, quand Ianoukovitch a été chassé du pouvoir, elle a refusé de reconnaitre les nouvelles autorités ukrainiennes.
En mars 2014, 96% de sa population a voté pour qu’elle soit rattachée à la Russie lors d’un référendum. Le vote, organisé en moins de 10 jours, a cependant été contesté par la communauté internationale, qui y voit plutôt une annexion cachée orchestrée par Moscou.
Malgré les contestations internationales, la Crimée a proclamé son indépendance et quelques jours plus tard, ses dirigeants ont signé un accord avec Vladimir Poutine pour officialiser son rattachement à la Russie.
3- Accords de Minsk
Ce sont deux accords signés à Minsk, la capitale de la Biélorussie, qui devaient mettre fin à la guerre du Donbass. Le premier accord, signé en 2014, a calmé le jeu pendant quelques mois, mais n’a pas été suffisant pour empêcher le conflit de reprendre.
En 2015, les présidents russe, allemand, français et ukrainien ont signé un autre accord de cessez-le-feu qui visait à enterrer la hache de guerre, mais sous certaines conditions. L’accord prévoyait notamment le retrait des armes lourdes et l’amnistie des participants à la guerre, en plus d’échanges de prisonniers et d’otages.
L’accord n’a cependant jamais vraiment plu à l’Ukraine, parce qu’il impliquait de reconnaitre un statut spécial aux séparatistes russes dans le pays. Plusieurs points n’ont pas été respectés de part et d’autre, ce qui fait que les combats dans le Donbass n’ont jamais vraiment arrêté et ont fait plus de 14 000 morts jusqu’à présent.
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4- OTAN
L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), c’est une alliance politique et militaire qui a été créée par 12 pays en 1949 – dont le Canada, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni – pour freiner le désir d’expansion de l’Union soviétique.
Elle compte aujourd’hui 38 pays membres. Ces derniers s’engagent à se protéger mutuellement en cas d’attaque contre un membre de l’Alliance et toutes ses décisions sont prises à l’unanimité. C’est un pour tous et tous pour un.
La Russie la considère comme une menace en constante expansion depuis 30 ans. Pour ne pas envenimer les choses avec Moscou, les membres de l’OTAN n’ont jamais intégré l’Ukraine à leur groupe, malgré une promesse faite à Kiev en 2008. L’adhésion à l’OTAN est d’ailleurs inscrite dans la constitution ukrainienne.
Vladimir Poutine a des exigences claires face à l’Alliance. Il veut le retrait des infrastructures militaires de l’OTAN en Europe de l’Est et l’arrêt de son expansion, en plus d’une garantie que la Russie ne puisse pas être menacée par ses déploiements militaires. Toutes ces demandes ont été rejetées.
5- URSS
L’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), aussi appelée Union soviétique, était une énorme fédération, dont la capitale était Moscou. Elle a existé de 1922 à 1991. Après la Deuxième Guerre mondiale, elle incluait des pays que l’on connait aujourd’hui comme la Russie, l’Ukraine, mais aussi des républiques d’Asie centrale et des pays baltes. Tous ces pays, sous le même giron, étaient gouvernés par un seul parti autoritaire: le Parti communiste de l’Union soviétique.
À l’époque de la Guerre froide, le monde était divisé en deux: les États-Unis et ses alliés formaient le bloc de l’Ouest. L’URSS et ses pays satellites formaient le bloc de l’Est. Il s’agissait d’abord et avant tout d’une opposition idéologique entre communisme et capitalisme.
Vaincue, l’URSS a été démantelée le 26 décembre 1991, après 69 ans d’existence.
Vladimir Poutine a encore cette défaite sur le cœur, puisqu’il la considère comme une humiliation. Il n’a jamais caché sa volonté que les anciens pays de l’URSS restent sous domination russe. C’est la raison pour laquelle il affirme que l’Ukraine «n’est pas un pays» et qu’elle lui appartient.
6- NORD STREAM 2
Terminé en novembre 2021, cet énorme gazoduc de plus de 12 000 kilomètres doit acheminer du gaz russe en Allemagne, en passant par la mer Baltique. C’est l’aorte de l’avenir économique de la Russie, qui ambitionne d’y faire passer 55 milliards de mètres cubes de gaz par an vers l’Europe.
Bien qu’il soit terminé, le gazoduc n’est toujours pas fonctionnel, puisqu’il est en attente d’une certification par le régulateur de l’énergie en Allemagne. Les Européens s’en servent comme d’une menace commerciale à moyen et long terme contre la Russie.
Le chancelier allemand Olaf Sholz a annoncé qu’il suspendait son autorisation au projet, estimé à 11 milliards $, en réponse aux dernières actions de Vladimir Poutine. Joe Biden a quant à lui annoncé des sanctions contre l’entreprise qui doit exploiter le gazoduc.
7 - Finlandisation
Le terme réfère au contrôle informel qu’une puissance exerce sur un plus petit pays, notamment en ce qui concerne les politiques étrangères et l'armée.
Après avoir combattu l’URSS au côté de l’Allemagne nazi pendant la Deuxième Guerre mondiale, la Finlande a signé un accord de paix avec l’URSS en 1947. Comme c’était la Guerre froide et que Moscou voulait à tout prix éviter que le pays scandinave ne se rapproche de l’Occident, la Russie a signé avec la Finlande un traité d’amitié un an plus tard.
Officiellement, la Finlande était indépendante, mais elle a rapidement aligné sa politique extérieure à celle de la Russie. Pendant toute la Guerre froide, la Finlande n’a ainsi pu rejoindre ni l’Union européenne ni l’OTAN.
Après la chute de l’URSS, la Finlande a adhéré à l’Union européenne et elle est devenue partenaire de l’OTAN, sans en être membre.
Dans le contexte russo-ukrainien, le terme voudrait dire que l’Ukraine conserverait ses frontières, mais que le Kremlin aurait un droit de regard sur des questions stratégiques qui la touchent, comme l’adhésion à l’OTAN, par exemple.