60% des mesures identifiées: Québec n’atteint (toujours) pas ses objectifs climatiques
Andrea Lubeck
On sait maintenant comment seront dépensés les 9 milliards $ du Plan pour une économie verte 2030 (PEV). Le gouvernement Legault a dévoilé vendredi la troisième mouture de son plan de mise en œuvre 2023-2028, qui n’identifie que 60% des gestes lui permettant d’atteindre son objectif de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
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La province vise à diminuer ses émissions de GES de 37,5% par rapport au niveau de 1990 d’ici 2030. Or, seules 60% des mesures pour atteindre cette cible sont prévues. C’est tout de même une augmentation depuis le premier plan de mise en œuvre, présenté en 2020, et le second en 2022, dans lesquels on n’atteignait que 42% et 51% de la cible.
En conférence de presse, le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatique, de la Faune et des Parcs, Benoit Charrette, a affirmé qu’il compte, chaque année, en augmenter la proportion pour atteindre 100% en 2030.
«On a maintenant le plan le plus ambitieux des 60 états et provinces en Amérique du Nord», a dit le Premier ministre François Legault en conférence de presse.
Comment le Québec va-t-il réduire ses GES? Voici les trois mesures phares du plan :
1- Accélérer l’électrification des transports
La principale façon dont le gouvernement compte y parvenir, c’est en accélérant l’électrification des transports. Il faut savoir que c’est le secteur le plus émetteur: les transports comptent pour 43% de tous nos GES.
Ainsi, le gouvernement compte sur le resserrement de la norme véhicules zéro émission, qui vise à réduire le temps d’attente pour obtenir un véhicule électrique en serrant la vis aux constructeurs automobiles, pour y arriver. Selon lui, 2 millions de véhicules électriques circuleront sur nos routes d’ici 2030.
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Mais il faut aussi les recharger. C’est pourquoi le plan de mise en œuvre du PEV prévoit 514 millions $ pour installer des bornes de recharge partout dans la province.
Il n’est toujours pas question de taxer les véhicules polluants. La mesure s’avérerait pourtant efficace pour diminuer nos GES, disent les experts.
Québec vise que le secteur réduise de 9,5 mégatonnes ses GES.
2- Inciter les industries à réduire leurs émissions
Le gouvernement Legault vise également les industries dans son plan de mise en œuvre, qui sont le deuxième secteur le plus émetteur au Québec avec 30,6% de tous les GES.
Des investissements de 2 milliards $ sont prévus pour aider financièrement les entreprises polluantes – comme les cimenteries, qui, à elles seules, comptent pour 15% des émissions – à baisser leurs GES.
Québec invite aussi les industries à se tourner vers les bioénergies plutôt que les combustibles fossiles pour leurs opérations.
L’objectif, c’est qu’elles réduisent leurs émissions de GES de 5,1 mégatonnes.
3- Décarboner les bâtiments
Les bâtiments représentent 9,6% des GES du Québec. Pour les réduire, le gouvernement a dans sa mire d’une part les rejets thermiques, c’est-à-dire la chaleur dégagée par un procédé industriel qui est rejetée dans l’air ou dans l’eau.
Le plan de mise en œuvre prévoit de valoriser ces rejets thermiques en les renvoyant dans un autre bâtiment, qui pourra les utiliser comme source d’énergie.
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D’autre part, le plan vise à soutenir la conversion vers l’électricité et la biénernie des bâtiments qui utilisent le gaz naturel comme source d’énergie.
Le gouvernement va également augmenter les normes en efficacité énergétique des constructions neuves.
On espère baisser de 2,3 mégatonnes les GES des bâtiments d’ici cinq ans.