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Environnement

6 initiatives rafraichissantes pour combattre les vagues de chaleur

L'un des corridors verts de Medellín, en Colombie
L'un des corridors verts de Medellín, en Colombie AFP
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Sarah-Florence Benjamin

2022-07-25T11:00:00Z
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Le mercure s’emballe. Les vagues de chaleur sont plus nombreuses, plus longues et plus chaudes que par le passé. Pour échapper à la chaleur, seulement 8 % des personnes qui vivent dans un endroit où la moyenne des températures annuelles dépasse les 25 °C ont accès à un climatiseur. Voici des villes qui ont pris en main leur résilience climatique par de grands projets qui profitent à tous.

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Ahmedabad, Inde

En 2010, cette ville de l’état du Gujarat a été frappée par une vague de chaleur meurtrière à l’origine de près de 1300 morts excédentaires. C’est à la suite de cette catastrophe que les autorités de la ville ont mis en place l’ambitieux Heat Action Plan (HAP) en collaboration avec l’Institut indien de santé publique et le Natural Ressource Defence Council (NRDC).

Ce plan comprend un large éventail d’interventions qui visent particulièrement les personnes les plus vulnérables aux dangers de la chaleur extrême. Le toit de 7000 logements informels de foyers à revenu modeste a été peint en blanc pour réfléchir les rayons de soleil, des stations d’eau potable ont été installées à travers la ville et du matériel d’information par rapport aux vagues de chaleur est régulièrement distribué. De la végétation a été plantée à travers la ville pour réduire l’effet des ilots de chaleurs urbains.

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Selon le NRDC, 6,4 millions de personnes ont bénéficié des effets du HAP à travers les années et on estime que les interventions qui en découlent permettent d’éviter 1100 décès à Ahmedabad chaque année. 

Le projet a d’ailleurs reçu le Ashden Award for Cool Cities, un prix pour les initiatives novatrices pour combattre les changements climatiques, en 2020. Depuis, 23 autres états de l’Inde ont mis en place des plans inspirés par le HAP.

Medellín, Colombie

La deuxième plus grande ville de Colombie s’est développée très rapidement et ses surfaces minéralisées sont favorables à la création d’ilots de chaleur. Les quartiers au centre de la ville, situés à moins grande altitude et dans une grande concentration d’industrie, sont plus touchés par la chaleur extrême. De plus, seulement 30 % des espaces verts de Medellín sont accessibles au public.

Pour combattre les ilots de chaleur, la ville s’est lancée dans la construction de 36 corridors verts, qui comprennent plus de 10 000 arbres sur 65 hectares dans la ville plantés de 2016 à 2019. Depuis, on enregistre déjà une réduction de la température moyenne de 2,7 °C. Et on prévoit quatre à cinq degrés de refroidissement supplémentaires d’ici 20 ans selon l’outil de résilience à la chaleur de C40.

AFP
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Le couvert de végétation permet de réduire la chaleur à la surface des villes bien plus que des matériaux qui absorbent la chaleur comme l’asphalte ou le béton. En plus, les plantes permettent de filtrer les polluants dans l’air ainsi que retenir l’eau de pluie qui pourrait surcharger les systèmes d’égout. 

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Selon C40, ce projet permettrait d’éviter 116 morts par la chaleur de 2021 à 2030 s’il était répliqué dans 30 % de la surface de Medellín. Et les avantages se ressentent également dans le bien-être au jour le jour des habitants qui gagnent un accès plus facile à des espaces verts et frais. 

Milan, Italie

Dans un but avoué de mitiger les effets des changements climatiques, purifier l’air et améliorer la qualité de vie de tous les habitants de la grande région métropolitaine de Milan, la ville s’est dotée du plus grand projet de verdissement du monde.

Supervisé par l’architecte Stefano Boeri, le projet ForestaMi vise à planter 3 millions d’arbres dans la ville et les municipalités en périphérie de Milan d’ici 2030. Les arbres plantés le long des routes, le long des façades des immeubles, sur les places et les toits permettront de refroidir l’air, mais aussi de garder les bâtiments plus frais, évitant le plus possible le recours à la climatisation pour se soulager de la chaleur. Les climatiseurs, bien qu’ils refroidissent l’intérieur d’un bâtiment, émettent des émissions chaudes qui réchauffent l’extérieur. 

Les arbres ne seront pas plantés en ilots isolés, mais de manière à créer des corridors interreliés de verdure, ce qui crée un écosystème et permet de soutenir la biodiversité urbaine de Milan. 

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Les instigateurs du projet espèrent ainsi développer une réponse juste et équitable aux changements climatiques, qui prend en compte les moins nantis et les gens qui habitent en dehors des grands centres. Interviewé par le magazine Dezeen, Stefano Boeri a déclaré qu’il s’agit de «la manière la plus démocratique et inclusive, mais aussi la moins coûteuse de combattre le réchauffement climatique».

Nice, France

Les changements climatiques se font déjà bien sentir dans les villes de la Méditerranée

Les villes de la Méditerranée sont déjà aux premières loges des changements climatiques. À Nice, les surfaces minéralisées créent des ilots de chaleur importants, en particulier les endroits où les piétons circulent et attendent le transport en commun.

Pour empêcher les trottoirs d’emmagasiner et de renvoyer aux passants la chaleur du soleil, la ville s’est donc mise à irriguer la chaussée et le sol sous les arrêts d’autobus. 

L’eau y est ainsi absorbée et redistribuée également à travers tout le trottoir par des petits tuyaux. Un système d’arrosoirs automatisés selon la température garde également les surfaces humides. Ces trottoirs irrigués rafraichissent l’air par l’évaporation de l’eau absorbée. Le béton des trottoirs a également été remplacé par un alliage perméable de coquillages.

Il est estimé que les trottoirs irrigués font baisser la température de la ville de 2 °C et permettent des économies d’énergie dans les bâtiments avoisinants.

Le placement stratégique de l’irrigation dans les trottoirs piétons et les aires d’attente pour les transports en commun permet d’encourager des modes de transports peu polluants et accessibles. Dans un endroit comme Nice où le climat et l’organisation de la ville ne permettent pas un verdissement d’envergure, cette innovation technologique permet de soulager les populations vulnérables et d’encourager la lutte aux changements climatiques. 

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Stuttgart, Allemagne

Cette ville d’Allemagne est considérée l’une des plus cool au monde, mais ce n’est pas grâce à ses clubs branchés. Située dans une vallée entourée de collines, Stuttgart est naturellement à risque de subir des vagues de chaleur, alors que l’air s’y retrouve emprisonné. 

Les voies de tramway sont utilisées comme couloirs ouverts permettant l'entrée d'air frais dans les zones près du centre-ville.
Les voies de tramway sont utilisées comme couloirs ouverts permettant l'entrée d'air frais dans les zones près du centre-ville. Photo: Ville de Stuttgart, Office de la protection de l'environnement

Pour refroidir la ville, un vaste plan d’urbanisme a été mis sur pied. On y a construit de véritables corridors de vent, des routes entourées d’arbres qui parcourent la ville comme des vaisseaux sanguins permettant à l’air nocturne de circuler librement, rafraichissant et remplaçant l’air chaud et pollué de la journée. Il est maintenant interdit de construire des bâtiments sur les collines avoisinantes pour éviter de perturber ces corridors de vent. 

Maintenant, les espaces verts couvrent 60% de la superficie de Stuttgart. On y compte 65 000 arbres dans les parcs et 35 000 dans les rues. Depuis 1993, tous les nouveaux bâtiments doivent être construits avec un toit vert. Cet effort soutenu pour verdir la ville, alliée à l’utilisation de matériaux réfléchissant dans la construction des bâtiments, en fait une pionnière en termes de lutte aux ilots de chaleur. 

São Paulo, Brésil

Bien que la métropole brésilienne soit en bord de mer, la densité de sa population de plus de 12 millions d’habitants la rend très vulnérable aux ilots de chaleur urbains. L’utilisation de matériaux de construction imperméables qui font ruisseler les eaux usées, un manque d’infrastructure publique de traitement des eaux ainsi qu’une collecte des ordures peu fiables sont à l’origine de la dégradation des cours d’eau de la ville. Les rivières urbaines, lorsqu’elles ne sont pas polluées ou bloquées, permettent de faire circuler et de rafraichir l’air ambiant.

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Plusieurs cours d’eau de la ville ont ainsi été revitalisés, comme la rivière Ipiranga. La rivière, obstruée par du béton et des constructions de fortune et polluée par des déversements d’égouts représentait un risque de santé majeur pour les habitants. Durant les crues, les infections de type Leptospirose y sont fréquentes. 

La revitalisation de l’Ipiranga est censée prendre fin en 2022, en plus du nettoyage de la rivière, de la végétation sera plantée sur les berges pour éviter les débordements lors de crue. 

En plus d’améliorer la santé des habitants autour de la rivière, le projet permettra de réduire l’effet des vagues de chaleur sur les environs. L’eau qui s’évapore permet d’évacuer la chaleur de l’air, combattant ainsi l’effet d’ilot de chaleur urbain. 

Ce genre de projet permettrait de sauver 566 vies de 2021 à 2050 s’il est reproduit dans seulement 15 % de la superficie de la ville, selon C40

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