Combien d’argent a amassé le «convoi de la liberté»? Qui paye? Six chiffres pour mieux comprendre
Mathieu Carbasse
Qui est derrière le mouvement des camionneurs? Comment est-il financé? Qui paye (certains très cher) pour les soutenir? Et que risquent les manifestants récalcitrants? On vous explique tout en six chiffres.
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4,5 millions $
C’est le montant que la campagne Freedom Convoy 2022 avait récolté sur GoFundMe, grâce à la participation de quelque 120 000 donateurs. La campagne a été retirée le 4 février dernier, parce qu'elle violait les conditions d'utilisation de la plateforme de sociofinancement.
Donald Trump a qualifié le gel de la cagnotte d'inacceptable. Le sénateur républicain Ted Cruz et le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, ont quant à eux demandé une enquête pour déterminer si GoFundMe avait fraudé les donateurs.
La représentante républicaine Marjorie Taylor Greene, sanctionnée récemment par Twitter pour avoir répandu de fausses informations sur la COVID-19, a même traité GoFundMe d’entreprise communiste.
10 millions $
C’est le montant en dollars canadiens qui a été amassé entre le 4 et le 14 février par la campagne Freedom Convoy 2022 sur GiveSendGo. Après le gel de la collecte de fonds sur GoFundMe, c’est vers ce site chrétien que se sont tournés les soutiens du mouvement des camionneurs.
Créée en 2014, GiveSendGo a déjà hébergé plusieurs campagnes liées à des groupes d’extrême droite, dont celles d’Enrique Tarrio des Proud Boys ou de l’Américain Kyle Rittenhouse, qui a tué deux personnes lors de manifestations antiracistes au Wisconsin en 2020.
Dans la nuit de dimanche à lundi, la plateforme a été victime d’une cyberattaque et son site est encore aujourd’hui inaccessible.
92 844
C’est le nombre de donateurs de la campagne Freedom Convoy 2022 sur GiveSendGo qui ont vu leur identité divulguée.
Dimanche en soirée, Distributed Denial of Secrets (ou DDoSecrets, en abrégé), un site de dénonciation à but non lucratif, a annoncé qu'il disposait de 30 mégaoctets d'informations sur les donateurs, notamment des noms, des adresses électroniques, des codes postaux et des adresses de protocole internet.
La majorité de ces dons proviendraient de l’extérieur du pays: 52 000 auraient été réalisés depuis les États-Unis, contre 36 000 au Canada. En revanche, c’est au pays qu’on aurait été le plus généreux, puisque 4,3 millions $ y auraient été amassés, contre 3,62 millions $ au total chez nos voisins.
90 000$
C’est le montant du plus haut don personnel enregistré sur la plateforme GiveSendGo.
Il aurait été effectué le 9 février par le milliardaire américain Thomas Siebel.
Le même jour, Brad Howland, patron de Easy-Kleen Pressure Systems — un fabricant de nettoyeurs haute pression basé au Nouveau-Brunswick — aurait fait le don le plus important au Canada, soit 75 000$.
21
Une campagne de financement sur la plateforme Tallycoin s’était donné comme objectif d’amasser 21 BTC (21 bitcoins). En sachant qu’un BTC s'échange à plus de 56 000$, la campagne, qui dépasse maintenant 22 bitcoins en dons, a donc amassé plus d'un million de dollars. Cet argent a été collecté auprès de plus de 5500 donateurs.
Il faut dire que les cryptomonnaies sont très populaires chez certaines figures de l’extrême droite américaine qui y voient un bon moyen de contourner les restrictions des banques et des plateformes de sociofinancement.
500 à 5000$
C’est le montant de la sanction que risquent les contrevenants à la Loi sur les mesures d’urgence, invoquée lundi par Justin Trudeau.
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Le gouvernement a également autorisé les institutions financières canadiennes à «geler ou suspendre immédiatement le compte d’un particulier ou d’une entreprise affiliée à ces blocages illégaux sans ordonnance du tribunal».
Les personnes qui enfreignent la Loi sur les mesures d’urgence s’exposent également à un emprisonnement maximal de cinq ans.