Modernisation du régime forestier: les pourvoiries en colère


Nicolas Lachance
En interdisant les installations de chasse et de pêche sur les terres publiques pour privilégier les coupes forestières, le gouvernement Legault fait fi de ce «moteur économique» pour le territoire québécois, dénonce, en colère, la Fédération des pourvoiries du Québec.
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Le gouvernement Legault a déposé, mercredi, son projet de loi qui doit moderniser le régime forestier du Québec.
Ce projet de loi déroule le tapis rouge aux entreprises forestières en créant de nouvelles zones qui leur seront priorisées à 100%, où il sera interdit de pratiquer des activités de plein air ou de protéger un territoire.
Un aménagiste régional aura le pouvoir de définir les espaces forestiers selon trois nouvelles zones: des zones d’aménagement forestier prioritaire, des zones de conservation et des zones à usages multiples.
Les nouvelles zones d’aménagement forestier prioritaire banniront les pourvoiries, les chalets et les zecs.
«Nous dénonçons une réforme déséquilibrée, qui accorde toute la priorité à l’approvisionnement industriel, au détriment des autres vocations du territoire. Le silence de la loi 97 à propos des pourvoiries n’est pas un oubli technique: c’est un recul historique», a déclaré Dominic Dugré, le directeur général de la Fédération des pourvoiries du Québec.
Il plaide que les pourvoiries sont un «véritable moteur de tourisme durable et de développement régional» et critique qu’elles se retrouvent à nouveau «réduites au rang des contraintes économiques» dans la planification forestière.
«Ce projet de loi nous inquiète par son absence de vision intégrée et de cohérence économique», a-t-il dénoncé.
Plus de volume
La ministre des Forêts, Maïtée Blanchette Vézina, a expliqué jeudi matin que des chasseurs pourraient partiellement avoir accès à ces zones, mais seulement entre les saisons des coupes de bois.
Cependant, selon le projet de loi, rien ne pourra nuire aux activités de l’industrie forestière dans ces zones. Ainsi, aucune installation prévue pour la chasse ou la pêche ne pourra apparaître sur ces terres publiques.
«On n’est pas allé aussi loin dans l’explication, mais l’idée, c’est qu’au moment de la récolte, c’est certain qu’il n’y aura pas d’activité autre que la filière forestière», a précisé la ministre, qui souhaite par ce projet de loi accroître le volume des coupes forestières.
Trop de coupes?
Par ailleurs, la commissaire au développement durable, Janique Lambert, a critiqué la planification forestière du gouvernement, qui, selon elle, «met une pression supplémentaire sur la forêt et pourrait affecter sa durabilité». Elle signale que la Stratégie nationale de production de bois présente une cible d’augmentation des volumes de bois récoltés en forêts publique et privée.
La commissaire n’avait pas pris connaissance du projet de loi lors de son point de presse, jeudi, mais son rapport signale que les changements climatiques «pourraient au contraire exiger une baisse de la possibilité forestière», contrairement au désir du gouvernement Legault.
De nombreux groupes environnementaux et de la société civile réagiront au dépôt de ce projet de loi vendredi matin, au Hilton de Québec.