5 faits à savoir sur le trouble bipolaire, dont Kanye West et Selena Gomez sont atteints
Jean-Michel Clermont-Goulet
Les récentes frasques de Kanye West et le nouveau documentaire de Selena Gomez, My Mind & Me, dans lequel la chanteuse se confie sur sa santé mentale, remettent à l’avant-scène le trouble bipolaire. Mais que savez-vous réellement de cette maladie mentale? Une experte répond à nos questions.
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Qu’est-ce que le trouble bipolaire?
Longtemps appelé «maladie maniaco-dépressive» ou «maniaco-dépression», le trouble bipolaire est une maladie mentale chronique héréditaire.
Les personnes qui vivent avec ce trouble ressentent leurs émotions de manière disproportionnée, dans la joie comme dans la tristesse. Elles passent par des épisodes de manie et de dépression, explique Annie Beaudin, directrice clinique de Relief, un organisme qui accompagne les personnes vivant avec différents troubles de l’humeur et leurs proches.
La fréquence et l’intensité des épisodes varient d’une personne à l’autre, mais «ça ressemble vraiment à des montagnes russes», poursuit celle qui vit elle-même avec le trouble bipolaire.
Ces épisodes, qui peuvent durer des jours, des semaines ou des mois, peuvent empêcher les personnes bipolaires de remplir leurs obligations, tant sur le plan professionnel que sur les plans familial et social.
Quels sont les signes et symptômes d’un trouble bipolaire?
Lors des périodes de manie ou d’hypomanie, qui sont notamment associées à une hausse d'énergie marquée et à de l'irritabilité, une personne ressentira au moins trois ou quatre des symptômes suivants:
- Une augmentation de l’estime de soi et des idées de grandeur;
- Une réduction considérable du besoin de sommeil;
- Une volonté de parler sans arrêt;
- Une sensation de trop-plein d’idées;
- Une tendance à être plus distraite;
- Une augmentation des activités sociales, professionnelles, scolaires ou sexuelles;
- Des agitations psychomotrices;
- Une tendance à mener une activité à haut risque de conséquences négatives, comme des achats impulsifs, des pratiques sexuelles dangereuses, des investissements financiers déraisonnables, etc.
Quelle différence entre la manie et l'hypomanie?
«Quand on parle d’hypomanie, l’épisode sera moins sévère et n’affectera pas le fonctionnement professionnel ou social de la personne», précise Mme Beaudin.
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Lors de ses périodes de dépression, la personne ressentira au moins cinq des symptômes suivants:
- Une baisse d’appétit avec perte ou gain de poids;
- Un trouble du sommeil (insomnie ou hypersomnie);
- Un ralentissement psychomoteur (la personne vivra un peu au ralenti);
- Un sentiment de valorisation ou de culpabilité;
- Une baisse de concentration;
- Des pensées suicidaires récurrentes.
Source: Relief
Quels sont les trois types de bipolarité?
- Le trouble bipolaire de type I: la personne passe généralement d'un épisode de manie à un épisode dépressif ou l'inverse. Certaines personnes n'ont toutefois que des épisodes de manie.
- Le trouble bipolaire de type II: la personne vivra au moins un épisode dépressif suivi d'un épisode d’hypomanie (plutôt que de manie).
- Le trouble cyclothymique: «C’est comme si la montagne russe n’allait pas dans les grands hauts et les grands bas, mais fait tout de même le mouvement de vague. Ce sont des petits cycles d’épisodes de manie et de dépression moins intenses et qui sont continuels», explique Annie Beaudin.
Comment soigne-t-on le trouble bipolaire?
Des médicaments sont offerts pour traiter la bipolarité. Avec le bon traitement, le bon dosage, ils peuvent être efficaces, «mais il n’y a pas que ça», précise Annie Beaudin.
C'est pourquoi Relief offre également du soutien aux personnes bipolaires, en complément aux traitements médicaux. L'objectif est de les aider à reprendre le contrôle de leur santé mentale et à participer activement à leur mieux-être. L’éducation, la psychothérapie, une meilleure alimentation et la méditation peuvent aussi s'avérer efficaces, notamment.
Malgré les traitements, il faut savoir qu'une personne bipolaire vivra avec la maladie toute sa vie.
«On se retrouve un peu devant une toile blanche où on se demande comment je veux redessiner ma vie», rappelle Annie Beaudin, qui n'a pas vécu d’épisodes de manie ni de dépression en plus de 25 ans.
«Je dis souvent que lorsqu’on m’a annoncé que j’étais atteinte du trouble bipolaire, ce n’était pas comme si on m’avait annoncé que j’avais remporté un voyage à Walt Disney ou en Europe. C’est un cheminement, un apprentissage.»
Combien de personnes au Québec sont atteintes de bipolarité?
Au Québec, près de 6% de la population de 12 ans et plus ont reçu un diagnostic d’un trouble de l’humeur, ce qui inclut la bipolarité, selon les données de 2021 de Statistique Canada.
Malgré qu'ils soient répandus, il y a encore «énormément de tabous» entourant les troubles de l’humeur, regrette Annie Beaudin.
«Il y a encore du chemin à faire pour sensibiliser et éduquer la population, tant dans nos écoles et milieux de travail.»