5 choses qu’on a vues à la manifestation anti-drag dans l'est de Montréal
Sarah-Florence Benjamin
Une heure du conte animée par la drag-queen Barbada devait avoir lieu le 16 mai à la Maison des Familles de Mercier-Est, à Montréal. Un appel à manifester contre l’évènement a été lancé sur Twitter par le militant antivaccin François Amalega. Il a été suivi par un appel à la contre-manifestation. Voici ce qu’on a pu voir sur le terrain le jour prévu de l’évènement.
Plus d’une centaine de contre-manifestants
Malgré la pluie battante, les contre-manifestants étaient en bon nombre devant la Maison des Familles de Mercier-Est. Arrivés une heure avant le rendez-vous donné par François Amalega aux manifestants, les contre-manifestants, pour la plupart masqués et vêtus de noir et de rose, ont bloqué la rue devant le bâtiment et au coin de la rue Notre-Dame.
«Je suis venu pour défendre la liberté, l’inclusion et la démocratie, affirme l’un d’eux. On s’attaque aux droits des personnes LGBTQ et à la Maison des Familles qui est très chère à mon cœur, parce qu’elle m’a beaucoup aidée dans le passé.»
On pouvait les entendre scander des slogans comme «Mange de la marde, Amalega», «We’re here, we’re queer, we won’t disappear» et «Fuck Éric Duhaime, Fuck Richard Martineau, Fuck Mathieu Bock-Côté.»
«C’est qui ça, Mathieu Bock-Côté ?», lance une femme venue manifester contre l’heure du conte.
Une dizaine de manifestants anti-drag
«J’ai des amis qui ont changé de sexe, je n’ai rien contre ça. Mais je ne pense pas qu’on devrait parler de ces choses-là à de jeunes enfants. Je travaille dans les écoles et, moi, ça me choque», explique celle qui s’est retrouvée bien seule devant la masse en noir et rose.
Le temps pluvieux et froid ou la présence de contre-manifestants nombreux et organisés a peut-être joué contre la motivation de ceux venus pour protester contre l’heure du conte.
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Pas plus d’une dizaine d’entre eux se sont rendus autour de la Maison des Familles de Mercier-Est. Séparés des contre-manifestants par de nombreux policiers, ils n’ont pas pu s’approcher de leur objectif.
Celui qui avait lancé l’appel à la manifestation sur son compte Twitter à multiples reprises durant le mois de mai, François Amalega, affirme avoir été attaqué «par des antifas» devant chez lui avant d’avoir pu se rendre à la manifestation. Dans une vidéo postée sur Twitter, il filme des gens masqués et affirme que ces derniers auraient fait tomber ses lunettes.
Les 4 pneus de mon autos sont crevées. En fait je n'ai plus aucune sécurité en dehors de celle de Dieu. Mais cela ne fragilisera aucunement la résistance à l'agenda mondialiste des pédocriminels. Même après ma mort vous ferez face au jugement des hommes et de Dieu pour vos crimes
— Francois amalega (@AmalegaFrancois) May 16, 2023
Ce dernier s’est finalement rendu à la manifestation, mais il n’est resté que quelques minutes.
Rappelons qu’avant de se dédier à la cause anti-drag-queen, François Amalega a été reconnu coupable d’avoir troublé la paix et a dû passer plus de 90 jours de prison en raison d’actes anti-mesures sanitaires
Pas de drag-queen
L’heure du conte n’avait finalement pas lieu à la Maison des Familles. L'évènement avait en effet été déplacé au préalable dans un lieu secret pour la sécurité des participants et du public.
Un garde de sécurité avait tout de même été assigné à l’entrée de la Maison des Familles en vue de la manifestation.
Selon certains manifestants, ce déplacement pourrait aussi expliquer le nombre réduit de manifestants anti-drag présents sur place.
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Un bloc festif
Sur des chansons de Madonna et de Kylie Minogue, les contre-manifestants, faute d’adversaires à confronter, se sont mis à danser derrière leurs bannières.
Parmi les automobilistes qui passaient sur Notre-Dame, certains ont klaxonné pour encourager les contre-manifestants, alors que d’autres ont regardé avec confusion la foule encadrée par une dizaine de véhicules de la police.
La mobilisation avait des airs de fête jusqu’à l’arrivée d’un duo qui n’était clairement pas la bienvenue.
Une altercation très courte
La seule échauffourée de la manifestation a été provoquée par la venue d’un caméraman et d’une commentatrice de Rebel News, un média d’extrême droite. Ils ont été accueillis par des «fasciste, décalisse» de la foule et des doigts d’honneur.
Après quelques échanges tendus avec des contre-manifestants, le duo a été repoussé par des personnes masquées qui voulaient les empêcher de filmer la mobilisation. La commentatrice, qui filmait avec son téléphone, a été poussée jusqu’à culbuter sur une voiture stationnée, avant que la police ne la sépare des contre-manifestants.
Voyant qu’il n’y aurait probablement pas plus de manifestants anti-drag, certains contre-manifestants ont quitté les lieux, d’autres ont commencé à marcher dans la rue, suivis par les voitures et fourgons de la police.
Sur Twitter, François Amalega a appelé à bloquer une nouvelle heure du conte, cette fois le 26 mai à Jonquière.