5 enjeux à régler: les personnes trans luttent encore pour l’égalité
Félix Pedneault
Le 31 mars, c’est la Journée internationale de visibilité transgenre. Beaucoup de chemin a été parcouru au cours des dernières années, mais il en reste à faire: si les enjeux suivants se règlent au Québec, on pourra presque parler d’égalité entre les personnes trans et les personnes cis, selon des activistes trans à qui on a parlé.
1. Davantage de personnes trans dans les médias
Quand on parle de voir plus de personnes trans dans les médias, on parle autant dans les nouvelles qu’au cinéma, au théâtre ou à la radio, précise l’activiste Henri-June Pilote.
Pour la comédienne et activiste Pascale Drevillon, c’est par ailleurs essentiel que les personnes trans apparaissant dans des fictions soient des personnages à part entière, qui ne sont pas là simplement parce qu’ils sont trans. «Il ne faut pas porter une histoire qui soit strictement trans, surtout par rapport à la transition, la transformation, tellement de choses déjà vues et entendues», dit-elle.
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2. Un accès gratuit aux chirurgies de transition
L’accès aux chirurgies de transition est un enjeu identitaire pour les personnes trans selon Henri-June Pilote. Mais celles qui sont considérées comme «esthétiques», par exemple les augmentations mammaires, peuvent coûter cher et ne sont pas remboursées par la RAMQ.
«Moi, personnellement, si je n'avais pas eu les moyens et le temps de pouvoir réaliser la transition que je voulais avoir, je doute que je serais en vie», laisse-t-il tomber.
Pascale Drevillon rassure ceux qui voient dans cette proposition un gouffre financier pour l’État. «Il faut se rappeler que les personnes trans représentent à peu près 1% de la population. Ça n’alourdirait pas nécessairement notre système de santé», dit-elle.
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3. Plus de spécialistes de la santé sensibles aux enjeux trans
Une personne trans ne devrait jamais avoir à justifier le fait qu’elle est trans devant un spécialiste de la santé, selon Henri-June Pilote. «Il y a quelque chose de vraiment étrange de se pointer dans un bureau de médecin et de devoir se défendre sur qui est-ce qu’on est.»
«Je dirais aussi que dès le niveau universitaire, il faudrait qu'il y ait des cours sur ces enjeux spécifiques là», ajoute-t-il.
Pascale Drevillon abonde dans le même sens. Selon elle, beaucoup de ressources pour personnes trans peuvent offrir de la formation continue aux employés du réseau de la santé et des services sociaux. «Il y a énormément d'organismes à Montréal et partout au Québec (...) prêts à jouer un rôle actif dans notre société», selon elle.
4. Un milieu scolaire à l’écoute des personnes trans
Il devrait y avoir plus de ressources dans les écoles pour les personnes qui entament une transition, selon Henri-June Pilote. «Il y a un manque de soutien de la part des profs, de la part des professionnels dans les écoles, un manque de connaissances», déplore-t-il.
La sensibilité du système scolaire aux enjeux trans devrait d’abord passer par les professeurs, selon Pascale Drevillon. «C'est vraiment juste de savoir comment s'adresser aux élèves, en fait. C'est quoi le pronom, le prénom, le surnom? C'est vraiment pas compliqué d'ajouter ça sur une liste de noms», indique-t-elle.
5. Plus de personnes trans en politique
Pour que le milieu politique soit plus représentatif et conscient des enjeux entourant les personnes trans, il faudrait que des membres de cette communauté soient élus dans des postes décisionnels. «Nos droits ont constamment la possibilité d’être révoqués, il faut donc aussi des gens pour les protéger», affirme Henri-June Pilote.
Nos deux intervenants ne se font pas d’illusions : la tâche reste fastidieuse. «Quand on a des minorités qui se présentent en politique, la pression est encore plus forte sur ces personnes-là, soulève Pascale Drevillion. Les personnes trans, queer ou non binaires qui iront en politique devront être blindées!»