5 ans après le début du mouvement #MeToo, qu'est-ce qui a changé?
Genevieve Abran
Il y a cinq ans, le mouvement #MeToo déferlait sur les réseaux sociaux. Plusieurs années plus tard, qu’est-ce que cette vague de dénonciations de comportements à caractère sexuel a changé?
• À lire aussi: Devrait-on créer un ministère des Droits des femmes?
• À lire aussi: Des militantes demandent une loi pour protéger les élèves du primaire et du secondaire
En octobre 2017, The New York Times révélait au grand jour des accusations de violence sexuelle visant le producteur américain Harvey Weinstein. S’en est suivi un mouvement planétaire qui a encore des répercussions.
«Encore beaucoup à accomplir»
Même si le mouvement a permis de faire bouger les choses, ses impacts sont à «géométrie variable», soutient Justine Chénier, responsable des communications du Regroupement québécois des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS).
«Cinq ans après #MeToo, ce n’est pas terminé. Il y a encore beaucoup à accomplir. Même si la voix des personnes survivantes a vraiment porté loin et fort dans certains cas, et que ça a eu des impacts qui peuvent être très positifs, il y encore beaucoup de [travail] à accomplir et ce n’est pas fini.»
Malgré le chemin parcouru, il demeure difficile pour les victimes de porter plainte, souligne-t-elle.
«Il y a d’énormes obstacles que les personnes survivantes vont rencontrer lorsqu’elles décident de dénoncer par le chemin de la justice», constate Justine Chénier.
D'ailleurs, en dépit du «changement de culture» et de la «libération de la parole des femmes», à peine 10% des victimes de crimes sexuels portent plainte et se tournent vers le système de justice, affirme Justine Chénier.
Les violences à caractère sexuel ont également continué à augmenter depuis le début du mouvement #MeToo, tout comme les demandes d’aide que reçoit le RQCALACS.
• À lire aussi: Les personnes bisexuelles sont bisexuelles, pas gaies ou hétéros
Plus d'efforts du politique
La création de tribunaux spécialisés en matière de violence sexuelle et de violence conjugale «démontre une certaine volonté d'aller dans une certaine direction», souligne néanmoins Justine Chénier.
«Je pense que le politique [provincial] a entendu les personnes survivantes», même si ce n’est pas un «système parfait», se réjouit-elle. Puisque les tribunaux spécialisés en sont encore à l’étape du projet pilote, impossible de savoir s'ils seront efficaces.
D'autres actions pourraient toutefois être entreprises pour s'attaquer aux violences sexuelles. Par exemple, Justine Chénier souhaiterait que davantage d’efforts soient mis dans l’éducation à la sexualité dans les écoles primaires et secondaires.
Elle demande également au gouvernement nouvellement réélu de François Legault de faire en sorte que tous les ministères travaillent à combattre la violence à l'endroit des femmes.
«C’est vraiment important de mettre l’emphase sur l’égalité des genres et la violence faite aux femmes. C’est un enjeu qui n’a pas été suffisamment évacué des débats électoraux», déplore-t-elle.