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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

450 policiers de plus: de la poudre aux yeux?

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Photo portrait de Maria Mourani

Maria Mourani

31 août 2022
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À la blague, ma sœur, qui est comptable, me demande si elle doit se munir d’un gilet pare-balles lorsqu’elle va rencontrer ses clients à Montréal. Sous cette note humoristique, je vois bien transparaître une inquiétude.

Depuis les deux dernières années, le sentiment de sécurité des Québécois est mis à rude épreuve. Les fusillades à Montréal ont aussi des effets dans les autres coins du Québec. Sommes-nous moins en sécurité ?

Le sentiment de sécurité est une « bibitte » subjective, bien qu’elle s’alimente de la médiatisation de la violence, qui souvent présente plusieurs visages et qui, depuis l’avènement des réseaux sociaux, trouve des espaces d’expression où la règle se résume à faire le buzz.

Quelques mesures ?

Il existe des stratégies de lutte contre la violence armée qui ont fait leurs preuves dans de grandes villes américaines. Par exemple, celle de cibler des crimes spécifiques et les groupes criminels dans des « points chauds » de la criminalité, par des actions policières en collaboration avec les partenaires des quartiers et les citoyens. C’est ce qu’on nomme en criminologie des opérations de pulling levers dans des hot spots par la résolution de problèmes et la patrouille préventive.

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Une stratégie de déploiement des troupes policières, plus précisément en ciblant, notamment, ceux qui ont le plus à perdre d’une guerre avec la police. Autrement dit, les Hells Angels, les vétérans des gangs et certains groupes mafieux.

450 policiers d’ici 5 ans

Samedi dernier, la ministre Guilbault a annoncé 250 millions de dollars sur cinq ans pour le SPVM avec un engagement de la Ville à investir la même somme. Ce qui reviendrait à embaucher 450 policiers de plus, soit une augmentation des effectifs de la gendarmerie. Cependant, entre la théorie et le terrain, il y a parfois des écarts.

Si l’on tient compte, par exemple, des départs à la retraite et du peu d’attrait de Montréal, notamment, à cause de la complexité d’intervenir sur ce terrain, les chances d’atteindre cet objectif sont plutôt minces. C’est d’ailleurs ce que révèle Marc Sandreschi, du Bureau d’enquête du Journal. Ils seraient plus de 1600 policiers à être admissibles à la retraite d’ici la fin de 2026. Par ailleurs, les régions seraient plus attirantes que Montréal, où les conditions de travail ne valent pas le salaire. Depuis janvier 2022, il y aurait eu 152 départs du SPVM, dont 42 démissions. De quoi annuler l’effet des embauches.

Rien d’étonnant, alors, que la mairesse ait refusé de prendre l’engagement de recruter 450 nouveaux policiers. Avons-nous ainsi assisté à un grand spectacle de prestidigitation ? De la poudre de perlimpinpin ?

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