Des fans finis de true crime expliquent pourquoi ils aiment ça (et partagent leurs coups de coeur)
Genevieve Abran
Écouter des heures de contenu true crime par jour, ça ne fait pas peur à ces quatre fans, qui nous expliquent pourquoi ils y consacrent autant de temps.
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Revivre les histoires de feux de camp
Lorsque Marie-Ève Boulanger était enfant, elle raffolait des histoires de peur qu’elle et ses amis se racontaient autour du feu. Pour elle, le true crime, c’est un moyen d’obtenir «le même thrill en vieillissant». C’est encore mieux parce que «ça va au-delà de la légende sur le bord du feu», affirme la femme de 42 ans.
Ces histoires véridiques font maintenant partie de son quotidien : le soir, elle écoute des documentaires, des vidéos ou des podcasts jusqu’à temps d’aller au lit. «Je dors très bien, je ne fais pas de cauchemars», précise-t-elle en riant. La résidente de Québec est aussi abonnée à plusieurs pages Facebook pour rester à l’affût.
«Ce n’est pas juste une curiosité morbide», soutient Marie-Ève, qui reconnait que ça fait partie de l’engouement. Le true crime la fascine aussi pour en apprendre plus sur la psychologie humaine.
Elle aime tellement ça qu’elle a créé avec son frère le groupe Facebook «Histoires de crimes, sectes, paranormales : théories et partage 2.0», qui regroupe plus de 15 000 adeptes de ces histoires. Là-dessus, les membres publient différentes informations dénichées sur le web et interagissent entre eux. C’est un groupe majoritairement féminin : seulement 14% des membres sont des hommes!
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Ses coups de cœur : Victoria Charlton, qui a réanimé son amour du true crime, le youtubeur français McSkyz ainsi que les podcasts québécois Distorsion et Ars Moriendi.
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Sa passion la mène à devenir enquêtrice bénévole
La passion de Maryse St-Germain pour le true crime vient de son éternel intérêt pour l’enquête. Il y a quelques mois, elle a fait passer sa ferveur à un autre niveau en devenant enquêtrice bénévole pour l’organisme à but non lucratif Meurtres et disparitions irrésolus du Québec (MDIQ).
«C’est une mission humanitaire», indique-t-elle. L'organisme, qui existe depuis 2017, tente de donner des réponses aux proches de victimes de meurtre ou de disparition.
«Je le fais vraiment pour la cause», souligne Maryse, qui a fait une formation d’enquêtrice au Collège d’Alma avant de se joindre à MDIQ. «C’est beaucoup de recherche et beaucoup de temps». Elle travaille à temps plein comme agente de bureau et s’affaire à ses recherches les soirs et les week-ends.
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«On n’a pas tout en notre pouvoir pour obtenir des infos», précise la Montréalaise. Maryse doit donc se baser principalement sur des bases de données publiques ou faire des entrevues. «On frappe à des portes fermées.»
Maryse trouve que le terme true crime peut donner l’impression que ce n’est qu’un spectacle. Elle rappelle toutefois que les proches des victimes ont droit d’avoir des réponses. Selon elle, les meurtres de disparitions non-résolus sont aussi «l’affaire d’une société».
Quand une enquête mène à des trouvailles pertinentes, MDIQ remet son rapport à la police.
(À noter que ces initiatives personnelles ne pas recommandées par la Sûreté du Québec. La porte-parole Ann Mathieu affirme que même si elle reconnaît leurs «bonnes intentions», ces enquêtes peuvent avoir des impacts sur le travail policier, mais aussi sur les gens qui pourraient être interrogées par eux.)
Son coup de cœur : le balado La dépoussiéreuse de crimes
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Agente correctionnelle, elle se passionne de true crime
Même si Manon Dignard travaille dans le milieu carcéral depuis plus de 25 ans, elle ne se lasse pas d’écouter du true crime. «Je suis passionnée», souligne-t-elle à plusieurs reprises pendant l'entrevue.
Depuis son enfance, Manon est attirée par le milieu policier. C’est pour ça qu’à l’âge de 21 ans, après des études en mode, elle est devenue couturière au pénitencier de Port-Cartier. «En côtoyant cette clientèle, ça piquait toujours ma curiosité.»
La femme de 47 ans l’admet : ça peut sembler «trop» de travailler comme agente correctionnelle dans un établissement carcéral et de s’intéresser avidement au true crime dans son temps libre. Mais pour elle, ce ne l’est pas.
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Consommer du contenu sur le sujet lui permet de voir l’envers de la médaille. «On développe des relations professionnelles [avec les criminels], admet-elle. Quand j’écoute un balado, je peux voir la vision de monsieur et madame Tout-le-monde.»
Manon suit même actuellement un cours pour devenir enquêtrice au Collège d’Alma. «On met beaucoup l’accent sur le criminel, mais pas assez sur les victimes», dit celle qui demeure dans les Laurentides. C’est ce qu’elle souhaite faire si elle parvient à percer dans le domaine. Elle espère pouvoir offrir «une nouvelle vision» dans ce milieu qui a toujours été majoritairement masculin.
Ses coups de cœur : Les balados québécois Captives et Distorsion
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Un moyen de rassasier sa soif de connaissances
Jayson Duval a grandi en observant son père regarder des tonnes de documentaires sur des meurtriers à la télé.
S’il n’était pas très intéressé par cet univers à l’époque, cette fascination l’a éventuellement rattrapé il y a quelques années. Un été, le jeune homme de 24 ans a commencé à explorer les podcasts et vidéos de true crime qui abondaient sur le web.
Rapidement, Jayson a été séduit par tous les apprentissages qu’il pouvait faire. «J’ai appris l’existence d’un paquet de maladies mentales que je ne connaissais pas, mentionne celui qui habite à Québec. «Il y a un côté fascinant de la mécanique de l’esprit.»
Encore aujourd’hui, l’étudiant en communication écoute environ trois à quatre heures par jour de contenu true crime. «T’as beau écouter trois ou quatre personnes qui parlent de la même chose, tu apprends toujours quelque chose. Tu peux toujours aller plus loin», croit-il.
Jayson admet qu’il y a un certain «côté pervers» au fait d’en apprendre plus sur les atrocités que peuvent faire ces meurtriers, mais il dit avant tout prendre plaisir à développer ses connaissances.
Ses coups de cœur : Les youtubeurs français McSkyz et Liv, la chaîne Youtube Canal Crime et le podcast québécois Captives.
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