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L'article provient de TVA Sports
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4 espoirs du CH sous-estimés selon un modèle statistique reconnu

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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2022-10-04T10:50:53Z
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Le bassin d’espoirs particulièrement riche des Canadiens de Montréal se distingue de ceux des dernières années par sa qualité, mais aussi par sa quantité. Parmi la relève, ils sont nombreux à aspirer à un poste dans la LNH dans un avenir rapproché. 

Lointaine est l’époque où les partisans n’avaient que Nikita Scherbak, Jarred Tinordi, Nathan Beaulieu et alouette à se mettre sous la dent. Avec un tel volume d’espoirs, il est facile pour certains d’entre eux de passer sous le radar malgré des profils dignes d’intérêt. 

C’est dans cet esprit que le TVASports.ca a consulté un expert des statistiques avancées se spécialisant dans les espoirs de la LNH, Byron Bader, pour s’intéresser à quatre membres sous-estimés de la relève du Tricolore.

Bader a conçu un modèle auquel se sont abonnées 20 équipes du circuit Bettman. Ledit modèle fonctionne comme suit : Bader utilise des calculs pour déterminer la valeur d’un point dans chaque ligue afin de niveler le terrain dans l’évaluation des espoirs. Il accouche ensuite de sa donnée magique, les points d’équivalence LNH; grossièrement, ce que vaudrait dans la Ligue nationale la production d’un joueur X dans sa ligue junior. 

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Se basant sur un échantillon de 7000 joueurs (qui remonte jusqu’à 1990) pour établir ses conjectures, le modèle détermine année après année les probabilités d’un espoir X d’atteindre la LNH, de même que ses probabilités de devenir un joueur étoile. Bref, si le passé est garant du futur, qu’est-ce qu’un joueur qui, par exemple, avait une équivalence de 20 l’année de son repêchage ou de 30 deux ans après sa sélection, devenait normalement? 

Pour certains espoirs du CH repêchés relativement loin, le résultat est fort intéressant. 

LANE HUTSON

Choix de 2e tour (62e au total) en 2022 

Défenseur droitier, 5 pi 9 po, 148 lb 

Boston University (NCAA) 

Montréal n’en a présentement que pour Kaiden Guhle et Owen Beck, mais l’histoire aurait pu être complètement différente si le minuscule défenseur américain avait pu prendre part au camp d’entraînement – le règlement de la NCAA lui en empêche. 

Selon le modèle de Bader, Hutson est l’espoir du CH ayant les meilleures chances de devenir une vedette, soit 60%. Elles sont meilleures que celles de Slafkovsky (12%) et même supérieures à celles de Caufield (47%) si l’on désire faire une exception pour le considérer encore comme un espoir. 

« Le profil de Lane Hutson est extrêmement rare, explique Bader. Il y a seulement une quinzaine de joueurs dans les 30 ou 40 dernières années qui ressemblent à lui dans ma base de données. La différence, c’est qu’ils ont tous été repêchés au 1er tour, contrairement à lui. Il a produit comme un gars qui est habituellement sélectionné dans le top 15, voire le top 10. »

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Pour ce que ça vaut, Bader soupçonne lui-même son modèle – qui ne comptabilise pas les résultats des tournois internationaux – de sous-estimer Slafkovsky; n’y voyez donc pas une conclusion selon laquelle Hutson est un espoir supérieur. 

RILEY KIDNEY

Choix de 2e tour (63e au total) en 2021

Joueur de centre gaucher, 6 pi, 175 lb

Titan d'Acadie-Bathurst (LHJMQ)

L’année de son repêchage, le chétif attaquant avait connu une bonne saison avec le Titan d’Acadie-Bathurst, mais rien pour écrire à sa mère.

«Il n’avait l’air de rien d'extraordinaire selon mon modèle quand il a été choisi au 2e tour par le CH. Il ressemblait à un espoir comme les autres, un gars de 2e ou 3e tour, et ces gars-là n’atteignent pas souvent la LNH.»

«Mais ce qui est intéressant chez lui, c’est qu’il augmenté son rendement de 70% l’année suivante. C’est remarquable. Parmi les 500 joueurs qui avaient une équivalence LNH semblable à la sienne l’année de leur repêchage, seulement 37 d’entre eux ont connu une telle amélioration la saison suivante.»

«Et quand tu t’intéresses à ces joueurs, leurs probabilités d’atteindre la LNH passent de 20 à 45%. En gros, il a vraiment augmenté ses chances.»

Une autre année comme celle-là pour Kidney, mais encore meilleure, le placerait sur une courbe de progression très similaire à celle de Jordan Kyrou, qui a amassé 75 points en 74 matchs avec les Blues de St. Louis en 2021-2022. 

MIGUEL TOURIGNY

Choix de 7e tour (216e au total) en 2022

Défenseur droitier, 5 pi 8 po, 168 lb 

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Titan d'Acadie-Bathurst (LHJMQ)

Dans certaines sphères, il a été réduit au « québécois de service » sélectionné dans les derniers tours du repêchage pour calmer la grogne nationaliste. Mais les statistiques voient étrangement quelque chose de spécial en Tourigny, qui a pourtant dû attendre ses 20 ans pour être repêché au 7e tour. 

Ses chances de faire la LNH? Pas moins de 73%. En guise de comparaison, un joueur parfaitement moyen sélectionné au milieu du repêchage a, d’ordinaire, autour de 20 à 25% de chances d’atteindre la LNH selon le modèle de notre expert.

Si c’est seulement plus tard qu’il a commencé à se faire remarquer, Tourigny montrait des promesses avant même l’année de son repêchage selon Bader.

«Il jouait alors dans la LHJMQ et le midget AAA. Le AAA n’est pas une ligue particulièrement forte dans l’ordre relatif des choses, mais il a produit énormément dans ce circuit, assez pour titiller l’intérêt de mon modèle. 

«L’année de son repêchage, il a été bon, mais pas extraordinaire. Ensuite, il a pris son envol l’année d’après. Mais c’est vraiment lors de la deuxième saison suivant son année de repêchage qu’il est sorti du lot avec une équivalence LNH très élevée et anormale. Statistiquement, il ressemble à James Wisniewsky.»

Comme c’est le cas pour Hutson, c’est sa petite taille qui effraie les recruteurs. Il faut noter ici que le modèle de Bader ne prend pas cet élément en considération. Mais il ne croit pas non plus que cela affecte énormément le degré de précision de celui-ci. 

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«Les petits joueurs qui affichent une production vraiment élevée sont ceux qui, naturellement, vont déjouer les pronostics. Au niveau de production de Tourigny (pour un défenseur), une forte proportion d’entre eux atteignent la LNH.»

XAVIER SIMONEAU 

Choix de 6e tour (191e au total) en 2021 

Joueur de centre gaucher, 5 pi 7 po, 175 lb 

Rocket de Laval (AHL) ou Lions de Trois-Rivières (ECHL) 

Le modèle de Bader, sans même s’intéresser aux mensurations des deux joueurs, voit des similitudes importantes entre Simoneau et David Desharnais.

Et si on abandonnait les algorithmes et les chiffres un moment, on pourrait souligner que la comparaison tient bon également d’un point de vue hockey, d’un point de vue de style. Desharnais était un joueur de centre petit, mais trapu, doté d’une excellente vision du jeu et d’un coup de patin acceptable, sans être excellent pour un joueur de sa stature. On peut en dire autant de Simoneau. 

«50 à 60% des joueurs qui ont eu un profil statistique comme celui de Simoneau ont atteint la LNH, relève Bader. Il n’a pas le profil d’une future vedette par contre. Ce qui est commun chez les futures vedettes, c’est une production élevée très tôt dans leur parcours. On n’a pas vu cela assez rapidement chez Simoneau, alors on ne peut pas s’attendre à ce qu’il devienne un Martin St-Louis.»

DE SOUS-ESTIMÉS À ATTENDUS

Sean Farrell 

Choix de 4e tour (124e au total) en 2020

Attaquant gaucher, 5 pi 9 po, 175 lb

Université d'Harvard (NCAA) 

Joshua Roy

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Choix de 5e tour (150e au total) en 2021 

Attaquant droitier, 6 pi, 193 lb 

Phoenix de Sherbrooke (LHJMQ)

Avec le recul, ces deux attaquants ont été repêchés beaucoup trop tard, et ce n'est pas le CH qui s'en plaint. Cependant, leurs performances récentes a généré un certain enthousiastme chez les partisans, si bien qu'on ne peut vraiment les considérer comme étant sous-estimés, du moins pas au sein du marché montréalais.

N'empêche, notre expert tenait à présenter les fiches de Roy et Farrell pour illustrer la progression constante dans leur développement - et le fait qu'ils pourraient tous deux s'avérer un vol par rapport à leur rang de repêchage. 

«Pour un joueur repêché après le troisième tour, la probabilité d'atteindre la LNH tourne autour de 18% deux ans après sa sélection, note Bader. Farrell est à 53%, c'est trois fois ça. Et il maintient sa production et son équivalence quand il passe d'une ligue à l'autre (de la USHL à la NCAA), ce qui est encourageant.»

«Quant à Roy, il est similaire à Farrell pour ce qui est de son équivalence, mais il est beaucoup plus jeune que lui, mentionne notre expert. Sa dernière saison représente une amélioration incroyable par rapport à l'année de son repêchage. Il a un potentiel très intéressant, il est l'un des espoirs du CH ayant les meilleures chances de devenir une vedette.»

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