Les zombies existent: voici 4 animaux «zombifiés» par des parasites
Anne-Sophie Poiré
Dans le monde animal, les zombies ne sont pas des créatures tirées de l’imaginaire. Certains pathogènes sont capables de prendre le contrôle du cerveau ou du corps de leurs hôtes pour en tirer profit au maximum.
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Des rats zombies attirés par les chats
Le Toxoplasma gondii est une espèce de parasite intracellulaire qui infecte jusqu'à un tiers de tous les humains dans le monde, de même que la plupart des mammifères et des oiseaux. Il provoque une maladie appelée toxoplasmose.
La vaste majorité des humains et des animaux infectés ne présentent aucun symptôme, à l’exception des souris et des rats. Le parasite a pour effet de supprimer la peur innée qu’ont les rongeurs envers les chats. Les souris et les rats deviennent alors attirés par l’odeur du félin qu’ils fuient normalement.
Les recherches suggèrent qu'il s'agit d'une adaptation évolutive destinée à aider le Toxoplasma gondii à accomplir son cycle de vie. Le parasite se reproduit uniquement dans l'intestin du félin, lorsque ce dernier mange le rongeur infecté.
«On ne comprend pas tout à fait comment cet agent pathogène modifie le comportement des rats et des souris, mais on sait qu’ils adoptent des comportements risqués qui les rendent plus susceptibles d’être chassés par les chats», précise la professeure de biologie à l’Université d’Ottawa, Allyson MacLean.
«Des chercheurs ont suggéré que le parasite altérait des régions du cerveau des rongeurs infectés, dont la région responsable de l’attraction sexuelle, et provoquerait une attirance envers les chats», ajoute le président de l’Association des microbiologistes du Québec, Marc Hamilton.
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Des études ont aussi établi un lien entre la toxoplasmose et des modifications du comportement chez les humains, selon un article publié dans la revue scientifique Nature. Les personnes infectées par le parasite seraient plus à risque de faire un accident de la route, par exemple.
Les personnes atteintes de schizophrénie seraient également plus susceptibles que la population générale d'avoir été infectées par le Toxoplasma gondii.
Des grenouilles zombifiées devenues bêtes de sexe
Une maladie fongique qui s’attaque aux amphibiens partout sur la planète pourrait se propager en rendant les cris d'accouplement des mâles infectés plus attrayants pour les femelles.
Le champignon pathogène, Batrachochytrium dendrobatidis (Bd), est à l'origine de la chytridiomycose (également appelée maladie du champignon chytride), qui tue les amphibiens en détruisant leur peau, en perturbant leur système immunitaire et en provoquant une insuffisance cardiaque. Il constitue une menace pour un tiers des grenouilles, salamandres et autres amphibiens dans le monde.
Et selon des recherches effectuées en Corée du Sud sur des grenouilles arboricoles, le champignon faciliterait sa propagation en manipulant le comportement des individus infectés.
Les grenouilles qui contractent la Bd deviennent normalement léthargiques, mais les mâles semblent y réagir différemment. La maladie améliorerait plutôt leur succès reproductif. En attirant davantage de femelles, il contamine sa partenaire, qui infectera à son tour sa progéniture.
Des grillons suicidaires
Les nématomorphes sont des vers présents dans tous les environnements aqueux et parasitent différents insectes sauteurs, comme le grillon. On les surnomme les «voleurs de corps».
Au cours de leur développement, les nématomorphes passent en quelques semaines d'un stade microscopique à un ver gigantesque comparé à la taille de l'hôte. Arrivés à maturité, ils doivent rejoindre l'eau pour se reproduire.
«Le ver réussit à manipuler les grillons pour les faire sauter dans l’eau, ce qui devient suicidaire pour eux, car ils craignent l’eau. Ils finissent par se noyer parce qu’ils ne savent pas nager», explique Marc Hamilton de l’Association des microbiologistes du Québec.
Des coccinelles esclaves d'une guêpe
Une guêpe parasitoïde originaire du Québec utilise les coccinelles maculées comme mères porteuses. En période de ponte, elle la pique pour lui injecter ses œufs dans l'abdomen avant de prendre la fuite.
L’œuf éclot dans la coccinelle et se nourrit de son corps sans la tuer. La larve de guêpe va grandir en elle, puis s’extirper de son corps une vingtaine de jours plus tard», souligne M. Hamilton.
Mais une fois libérée, la coccinelle adopte un comportement étrange. Plutôt que de s’enfuir, elle jouera au «garde du corps» avec le cocon pendant six à neuf jours. «La coccinelle prend soin de la larve à l’extérieur de son corps comme si c’était son enfant», ajoute le microbiologiste.
Des recherches suggèrent que cette manipulation serait due à un virus à acide ribonucléique (ARN), qui entraînerait une neurodégénérescence chez la coccinelle, puis la paralysie.
Jusqu’à 70% des coccinelles survivraient au parasite, et 25% retrouveraient un comportement normal après le départ de la jeune guêpe, selon le biologiste Jacques Brodeur qui a étudié l’organisation de cette guêpe parasitoïde.