300 réfugiés ukrainiens arrivent à Montréal et ont droit à tout un comité d'accueil
Gabriel Ouimet
Plus de trois mois après le début de la guerre qui ravage l’Ukraine, quelque 300 réfugiés ont été accueillis par des centaines de bons samaritains dimanche, à l’arrivée du premier vol nolisé pour eux à se poser à l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau de Montréal. Dans un mélange d’espoir, de compassion et de tristesse, ils nous ont partagé leurs états d’âme.
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Tout juste descendue de l’avion après un «long et difficile voyage» depuis son village natal de la région de Kyïv, Tatiana Petkovska, dans la fin vingtaine, peine à réaliser ce qui lui arrive. Bien qu’elle dise prendre conscience de la chance qu’elle a d’être accueillie dans un pays qu’elle ne connait presque pas, elle a du mal à retenir ses sanglots lorsqu’elle évoque son avenir.
«Il n’y a pas de mot pour décrire comment je me sens. Je suis émue de voir que le peuple canadien nous ouvre leurs portes aussi gentiment, mais je prends aussi conscience que les plans que j’avais pour ma vie en Ukraine ont été complètement détruits. Je dois maintenant recommencer à zéro. Ce sera difficile», souffle-t-elle d’une voix éraillée.
Seule de sa famille à avoir pu quitter l’Ukraine, elle s’accroche à l’espoir d’être capable d’aider ses proches dans les mois à venir.
C’est aussi l’objectif que se donne Olena Piruk, 20 ans, qui indique «regarder vers l’avenir, mais ne pas oublier».
«Je vais essayer de me trouver un emploi rapidement pour envoyer de l’argent à mes proches, et parallèlement, je veux m’impliquer dans des organismes qui soutiennent l’Ukraine. C’est très important pour moi de continuer d’aider ceux qui sont encore là-bas», explique-t-elle.
Comité d'accueil
En retrait à côté d’elles, Tom et Nicolet Kovesi, qui hébergeront Tatiana, ont fait le voyage depuis Ottawa pour venir lui souhaiter la bienvenue. Ils affirment qu’ils feront tout en leur pouvoir pour l’aider dans sa mission. D’ici la fin de l’été, le couple d’Ottawa hébergera aussi deux autres Ukrainiennes, des amies de Tatiana.
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«Nous sommes de descendance hongroise et nos familles sont arrivées ici en 1956, en tant que réfugiés. Nous savons ce que c’est de devoir recommencer à zéro. De plus, nous avons des filles du même âge et nous voudrions qu’elles soient traitées de la même façon si elles devaient fuir la guerre. Nous allons la traiter comme notre fille», soutiennent-ils.
Tous unis dans la compassion
On ressentait bien la compassion qui habitait la foule massée à la porte des arrivées internationales en ce dimanche ensoleillé. Chacun à leur façon, les citoyens présents tentaient d’insuffler une dose d’espoir aux réfugiés.
Venue de Carleton, en banlieue d’Ottawa, Janet Krayden est consultante auprès de l’Association des cultivateurs de champignons du Canada. Elle pourrait offrir rapidement un emploi à ceux qui en ont le plus besoin.
«Je suis ici pour les soutenir et les encourager, mais également pour qu’ils sachent que nous sommes prêts à les accueillir immédiatement et dans divers postes. Nous avons des fermes partout au Canada et nous avons déjà plusieurs Ukrainiens qui travaillent pour nous», explique-t-elle.
De son côté, Evgueni Fadeitchev attend une famille de trois Ukrainiennes. Immigré de Russie il y a plus de 20 ans, il arbore fièrement un chandail au message peu subtil : Puck Futin. Bien qu’il n’ait pas voulu s’étendre davantage sur son avis à propos de Vladimir Poutine, il affirme que la famille sera la bienvenue chez lui pour aussi longtemps qu’il le faudra.
Il s’agissait du deuxième de trois vols nolisés organisés par le gouvernement fédéral dans le cadre du programme d’autorisation de voyage d’urgence du Canada, qui offre l’occasion aux Ukrainiens et à leur famille de demeurer au Canada en tant que résidents temporaires pour une période d’au plus trois ans. Le premier est arrivé le 23 mai dernier à Winnipeg, tandis que le dernier arrivera à Halifax le 2 juin prochain.
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