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Culture

3 mois dans son défi, Vanessa Pilon nous parle de sa démarche derrière son année sans maquillage

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Samuel Pradier

2024-03-04T11:00:00Z
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Vanessa Pilon s’est rendu compte, au tournant de la nouvelle année, qu’elle se maquillait plus par habitude et par convention que par plaisir. Son observation l’a finalement amenée à se lancer un défi: pas de maquillage pendant un an. Elle a accepté de nous parler de sa démarche, de ses réflexions et de l’impact de cette décision, tant dans son métier que du point de vue social.

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Vanessa, comment est né ce défi de ne pas utiliser de maquillage durant une année?

Lorsque j’ai découvert les photos de Pamela Anderson sans maquillage, l’automne dernier, j’ai vu cette icône de beauté inaccessible d’une autre façon. Au départ, ça a choqué mon oeil, car on n’est pas habitués de voir des femmes se présenter comme ça. Mais ça m’a permis de me questionner sur mon propre rapport au maquillage. Je dirais que ça a ensuite percolé pendant plusieurs mois. En novembre, je suis allée faire une retraite de yoga, super nature. Je ne me suis pas maquillée de la semaine. Je n’y ai même pas pensé. Je suis ensuite partie en vacances en famille et je ne me suis pas maquillée non plus.

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À quel moment est venue la question de se maquiller ou pas?

Le 31 décembre, j’ai pris ma trousse de maquillage pour me préparer, mais ça ne résonnait plus en moi. Je me suis demandé pourquoi je me maquillais finalement. L’idée de ne pas me maquiller durant un an est venue à ce moment-là. Je voulais voir ce que ça allait changer, je voulais explorer ça. Depuis quelques années, je fais l’effort de me présenter en montrant une image qui correspond aussi fidèlement que possible à qui je suis, avec toute mon intégrité et toute mon authenticité. Mais je trouvais que j’ajoutais un masque quand j’essayais de gommer mes soi-disant imperfections avec du maquillage. Il y avait quelque chose de dissonant avec ma démarche.

As-tu senti que l’annonce de ce défi dérangeait?

Je sens que, dans mon milieu, c’est encore un sujet délicat. J’ai lancé quelques invitations à des collègues pour faire, par exemple, un mois sans maquillage, et je ne peux pas dire que j’ai reçu beaucoup de réponses positives. Depuis la pandémie, on se permet, sur une base quotidienne, de ne pas se maquiller pour aller chercher les enfants à la garderie ou faire des courses. Pas mal tout le monde est à l’aise avec ça. Mais quand on est en représentation, soit dans notre métier, il y a des résistances. Quand je vois les autres femmes autour de moi qui sont maquillées, j’ai l’impression que ça impose un standard de beauté ou une forme d’image lisse. À côté d’elles, je peux avoir l’air fatigué si je n’ai pas de maquillage.

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Il y a aussi l’argument que tu es jeune et magnifique! N’est-ce pas plus difficile pour une femme plus âgée de faire ce défi?

Certainement, il y a des facteurs facilitants. Mais je ne suis pas immunisée contre les petits complexes: il y a aussi des choses qui me dérangent sur mon visage et que je dois apprivoiser, que je dois apprendre à aimer. J’essaie de les voir comme des parties de moi. Je n’ai pas 25 ans, je vais bientôt avoir 40 ans. Je commence à devoir prendre des décisions par rapport au vieillissement. Je commence à avoir des cheveux blancs et des rides qui se forment. Je suis au début de ce parcours, et le fait de le commencer en relevant ce défi, ça me détend pour la suite.

Ce défi remet aussi en question une façon de faire et des habitudes ancrées dans le milieu de la télé, non?

Je sens une certaine résistance. C’est une convention. On s’est habitués à voir des gens maquillés à la télévision, on est à l’aise avec cette façon de faire. C’est vrai que si on braque un gros spot sur un visage sans maquillage, il va briller. C’est naturel. Ma décision bouleverse les façons de faire. Au moment où on se parle, je ne suis pas encore allée sur un gros plateau de télévision avec de gros éclairages; je le fais graduellement. Je suis en train d’apprivoiser ça et d’apprendre comment être au mieux devant une caméra. J’ose espérer qu’avec ce défi, le public va s’habituer à voir des visages au naturel. Si on en voit davantage à la télé ou dans les médias, ça va faire partie de l’éventail des possibilités.

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Comment le maquillage est-il entré dans ta vie?

J’ai senti que j’étais obligée de me maquiller en entrant dans ce milieu, parce qu’auparavant, je me maquillais très peu. Au début, j’avais besoin de m’habituer à ce nouveau visage maquillé que je voyais à la télé. Même des membres de ma famille me disaient qu’ils ne me reconnaissaient pas. À force de me voir maquillée tous les jours, je me suis finalement habituée à ce visage. Je suis donc en train de vivre le processus inverse en ce moment. Ça ne veut pas dire que je ne me maquillerai plus jamais. Après le défi, j’ai surtout envie d’avoir la liberté de me maquiller ou pas. Je ne veux plus que ce soit juste un automatisme.

Est-ce que l’absence de maquillage induit une autre forme de soins?

Exactement. Même si je ne me maquille pas, je continue de prendre soin de ma peau. Le maquillage peut être une béquille si je n’ai pas assez dormi, si je ne mange pas très bien, si je ne mets pas d’écran solaire, ou si je ne prends pas assez soin de moi. Comme je n’ai plus cette béquille, je veux prendre davantage soin de moi, dans mon hygiène de vie. Ce défi a ouvert ma réflexion sur d’autres aspects, à savoir comment je vivrais si je n’avais pas toutes sortes de béquilles comme la caféine, par exemple.

Dans quel but souhaites-tu que d’autres animatrices ou personnalités féminines t’accompagnent dans ce défi?

Je me rends compte que c’est dur d’être toute seule à essayer de relever un tel défi. J’ai envie de le faire avec d’autres, parce que je représente un certain type de femmes, mais j’aimerais qu’il y ait des femmes plus âgées ou des plus jeunes qui sont beaucoup sur les réseaux sociaux. Je pense aussi à des femmes qui ont des conditions de peau différentes et qu’on ne voit jamais dans les médias parce qu’elles les cachent sous du maquillage. Le message que ça envoie, c’est que ce n’est pas beau et qu’il faut les cacher. Je trouve qu’on a une forme de responsabilité de représentation. Ça rejoint tout le discours autour de la diversité des corps; on devrait aussi montrer des peaux différentes. Mais j’ai quand même l’impression d’avancer toute seule là-dedans.

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As-tu envie de documenter ce défi dans un livre ou un documentaire?

Je le documente par moi-même actuellement, mais il y aura peut-être éventuellement un projet plus grand. Le fait que j’aborde le sujet sur mes réseaux sociaux ou que j’accorde une entrevue à 7 Jours, ça a déjà un impact plus grand que si je le faisais sans en parler. J’aimerais qu’il y ait quelque chose qui perdure après ce défi.

Pourquoi te maquillais-tu exactement?

Quand ma fille me voit me maquiller, elle me pose la question, mais je n’ai pas de réponse précise. C’est aussi une des raisons pour lesquelles j’ai voulu faire ce défi: parce que je n’avais pas de réponse réelle et sincère à sa question. Certaines femmes disent qu’elles se maquillent pour être plus belles. Et je dois avouer que, moi aussi, je trouve plus belle la version maquillée de moi. C’est pour cela que je veux déconstruire ça. Ce qui est aussi intéressant, c’est de voir que les critères de beauté changent au fil des années. Je suis une fille des années 1990-2000, j’ai beaucoup épilé mes sourcils. Quelques années plus tard, on nous a dit que c’était beau des gros sourcils. La beauté n’est pas une vérité immuable. Alors, si on commence à célébrer des visages non maquillés et qu’on voit de la beauté là-dedans, ça devient juste une construction culturelle.

On oublie souvent que le maquillage a aussi un impact énorme sur l’environnement...

Et sur le plan financier! Les femmes dépensent en moyenne 3500 $ par année en produits de beauté. Il y a donc un impact financier réel et aussi, bien entendu, sur l’environnement. Les plastiques des cosmétiques sont difficiles à recycler; c’est moins confrontant de ne pas y penser, mais l’impact est vraiment réel. Je pense toutefois qu’il faut faire un petit pas à la fois. L’idée n’est pas d’être parfaite, mais juste de faire toujours un petit peu mieux. Un petit changement à la fois pour tendre vers un impact environnemental moindre.

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Vanessa Pilon est à la tête de L’école de la vie, un podcast de développement personnel qui aide à penser à notre rôle dans la société. Un nouvel épisode est mis en ligne chaque semaine. Cette année, elle est porte-parole du Salon de l’apprentissage qui se tiendra les 27 et 28 avril à Montréal et les 26 et 27 octobre à Québec. Info: salondelapprentissage.ca

Conseils pour arrêter le maquillage au quotidien 

Vanessa Pilon invite ses collègues du milieu artistique à participer à son défi pour une semaine ou un mois. Arrêter de se maquiller est à la portée de toutes les femmes. Si dans certains milieux, il est habituel de ne pas se maquiller systématiquement, ça peut quand même être difficile dans d’autres milieux. «Je pense que la première étape est d’observer réellement nos pensées quand on se maquille et la raison honnête pour la quelle on le fait, indique Vanessa à celles qui aimeraient embarquer dans son défi. Ce n’est pas immédiatement qu’on va avoir la réponse.» Elle conseille ensuite de se regarder en face pour comprendre ce qu’on a appris à ne pas aimer sur notre visage. «Il faut tenter de savoir ce qui nous dérange, et si c’est une vérité ou quelque chose qui est venu de l’extérieur. C’est très important d’avoir ce regard-là sur nous.»

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