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3 lieux à Montréal qui ont changé le cours de l’histoire des Noirs

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Gabrielle Morin-Lefebvre

2021-02-11T12:00:00Z
2022-02-10T19:45:58Z
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Ça fait plus de 400 ans que la communauté noire est présente au Québec, mais son histoire reste méconnue. Résultat: on passe sans s'en rendre compte à côté de lieux où se sont déroulés des événement majeurs en lien avec la justice sociale.

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En voici trois à découvrir dans la métropole.

La rue Notre-Dame, là où les parents de Malcom X ont trouvé l’amour   

Photo Maxime Deland
Photo Maxime Deland

Sans Montréal, la rencontre de Louise et Earl Little, les parents du militant afro-américain Malcom X, n’aurait jamais eu lieu. 

Elle venait de la Grenade, il venait des États-Unis; ils se sont rencontrés sur la rue Notre-Dame dans les locaux de l’organisation UNIA, qui milite pour l’amélioration des conditions de vie des personnes de descendance africaine et antillaise. 

Photo d'Archives, Ville de Montréal
Photo d'Archives, Ville de Montréal

«Ils étaient membres de groupes militants contre la ségrégation raciale sévissant à Montréal», explique le conférencier Rito Joseph, qui anime des visites guidées sur l'histoire des Noirs dans le Vieux-Montréal.

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La Petite-Bourgogne était à l’époque une plaque tournante de la communauté noire à Montréal. Les Little se sont mariés dans ce quartier en 1919 avant de partir l’année suivante pour les États-Unis, où ils ont eu leur fils Malcom.

Celui-ci est devenu l’un des activistes pour les droits des personnes noires les plus marquants de l’histoire des États-Unis. 

Les locaux d’UNIA sont toujours sur la rue Notre-Dame, à la hauteur d’Atwater.

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La gare Windsor, théâtre de luttes syndicales  

Photo courtoisie Réseau du patrimoine culturel du Québec
Photo courtoisie Réseau du patrimoine culturel du Québec

Dans la gare Windsor, à Montréal, des porteurs de wagons-lits ont signé leur première convention collective en 1945, et il était temps : leurs conditions de travail étaient injustes depuis des années. 

«À cette époque, il y avait de la ségrégation au travail et de la segmentation d’emplois basée sur l’ethnicité. Il y avait des emplois seulement pour les Italiens, seulement pour les Irlandais, seulement pour les Espagnols et seulement pour les Noirs», explique l'historienne Dorothy Williams, qui a écrit trois livres sur l'histoire des Noirs à Montréal.

Photo courtoisie Musée McCord
Photo courtoisie Musée McCord

Les tâches des porteurs? Porter des valises (le nom le dit) et veiller au confort des passagers en préparant les lits, repassant les vêtements et servant les repas. Ils n'ont pas de couchettes pour dormir dans les trains, sont séparés des passagers blancs lorsqu’ils mangent et doivent payer leurs uniformes et leur repas. 

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Pour vous donner une idée du rattrapage qu’l y avait à faire : quand ils ont signé leur convention collective, ils ont obtenu une augmentation de salaire de 28%, et les heures de travail régulières sont passées de plus de 400 par mois (!) à 240.

Les conditions de travail ont beaucoup évolué depuis, mais le hall de la gare, lui, a peu changé. 

L'université où s’est tenu un grand «sit in»  

Photo Maxime Deland
Photo Maxime Deland

L’Université Sir George Williams, qui fait aujourd’hui partie de Concordia, a été le théâtre d’une des revendications étudiantes les plus marquantes de l’histoire du Canada. 

En 1968, six étudiants noirs de l'Université Sir George Williams ont porté plainte contre un professeur, l’accusant de les faire systématiquement échouer en fonction de leur couleur de peau. 

Il y avait de l’action sur la rue Mackay en 1969 alors que des étudiants de l’Université Sir George Williams protestaient contre le traitement qu’ils jugeaient inéquitables entre les étudiants de diverses origines ethniques.
Il y avait de l’action sur la rue Mackay en 1969 alors que des étudiants de l’Université Sir George Williams protestaient contre le traitement qu’ils jugeaient inéquitables entre les étudiants de diverses origines ethniques. Photo courtoisie Archive Montréal (ARCMTL)

Comme ils ne se sentaient pas pris au sérieux, ils ont occupé pacifiquement le centre informatique au 9e étage du pavillon Henry F. Hall, avec pas moins de 200 autres manifestants. 

La situation a dégénéré une dizaine de jours plus tard après une tentative de règlement qui est tombée à l’eau : l’escouade anti-émeute est intervenue et plusieurs personnes ont été arrêtées.

Le professeur en question a conservé son poste, mais un Bureau de l’ombudsman a été créé à l’université et plusieurs organismes de défense des droits ont été créés dans la lignée de cet événement, comme la Ligue des Noirs du Québec.

En ce moment, le pavillon accueille plusieurs départements de sciences sociales de Concordia, des laboratoires, un théâtre, des restaurants et les locaux d’associations étudiantes. La rue Mackay, où il y avait de l’action à l’époque des revendications, est beaucoup moins achalandée ces jours-ci. 

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