25 acteurs du conflit qui sévit à Québec avisés que leur vie est en danger
Des Hells Angels ont notamment reçu un «Duty to warn» de la part de la police.
Eric Thibault, Kathryne Lamontagne et Félix Séguin
Les policiers ont avisé pas moins de 25 personnes, incluant des Hells Angels, que leur vie était mise en danger par le climat explosif de dissension entre trafiquants et motards qui sévit à Québec depuis l’automne dernier.
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De voir autant d’individus avertis par la police qu’elle détenait des renseignements voulant qu’ils fassent l’objet de complots de meurtre – un avis communément appelé un Duty to warn – rappelle l’ampleur des guerres de clans qui ont déchiré la mafia montréalaise depuis une vingtaine d’années, selon des sources de notre Bureau d’enquête.
«C’est clair qu’il y a une tension dans l’air. Les indépendants ne respectent plus les ententes qui existaient dans le passé, c’est-à-dire de donner une redevance aux motards afin de pouvoir opérer librement sur le territoire. C’est l’appât du gain. On espère que la tension va diminuer en 2024 et on va mettre les efforts pour ça», a commenté en entrevue le directeur du Service de police de la Ville de Québec, Denis Turcotte, dans un reportage diffusé ce vendredi soir à l’émission J.E à l’antenne de TVA.
Origine du conflit
La Rive-Sud de Québec, où résident plusieurs membres des Hells et de leur club-école Red Devils, est également touchée par la violence.
- Écoutez l'entrevue avec Éric Thibault, journaliste au bureau d'enquête, via QUB :
«On a une vingtaine d’évènements criminels qui se sont produits depuis le début septembre» en raison de ce conflit, a précisé François Dubé, directeur de la police de Lévis.
Toute cette affaire découle d'un différend entre le trafiquant indépendant Dave «Pic» Turmel et le Hells Angels Mathieu Pelletier. Selon nos informations, Turmel aurait trouvé une balise GPS sous son véhicule au début de l'année 2023, ce qui lui aurait fait craindre pour sa sécurité. En effet, cet appareil est notamment utilisé par des tueurs du crime organisé pour traquer leurs cibles.
Les soupçons de Turmel se seraient tournés vers Pelletier, qui le fournissait alors en stupéfiants.
Le 7 mars 2023, la maison de Pelletier a fait l'objet de coups de feu. Des résidences, véhicules ou commerces appartenant aux motards ont aussi été incendiés, dont le garage de Martin Gamache, actuellement considéré comme le plus influent Hells Angels à Québec.
L’affront a dépassé les bornes en décembre dernier quand le repaire du club de motards à Frampton, en Beauce, ainsi que le nouveau local du chapitre trifluvien des Hells à Hérouxville ont aussi été ciblés par des coups de feu, à deux jours d’intervalle.
«Les Hells de Trois-Rivières, qui ne sont pas impliqués dans ce conflit-là, ne l’ont pas trouvée drôle», nous a mentionné une source bien branchée sur ce milieu, en ajoutant que les Hells des quatre autres chapitres du gang dans la province ont clairement signifié à leurs «frères» de Québec de «régler le problème».
Un proche des Hells tué
La violence a culminé le 27 novembre dernier quand le narcotrafiquant Michel «Doune» Guérin, un ancien prospect des Hells du chapitre de Québec toujours très influent dans le milieu criminel, a été tué par balles près de sa demeure du secteur de Charlesbourg.
Selon nos sources, Guérin faisait partie des 25 individus qui avaient été prévenus par la police que sa vie était en danger. «Doune» était un «acteur important» que les Hells auraient chargé de régler les conflits de territoires de vente et de collecte de redevances dans le marché des stupéfiants.
Le chef Turcotte a confié qu’il ne s’attendait pas que les trafiquants ligués contre les Hells fassent preuve d’autant de violence.
«Aller jusqu’à la violence ultime par des meurtres, non. J’ai toujours en mémoire l’époque de la guerre des motards au milieu des années 90. C’était démesuré comme violence. Je ne pensais pas qu’on irait vers là, en 2023-2024.»
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