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Un père tue ses fils à Lanaudière: non, le meurtre de 2 enfants n’est pas un «drame familial»

MARTIN ALARIE / AGENCE QMI
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Photo portrait de Anne-Sophie Poiré

Anne-Sophie Poiré

2022-10-18T20:07:14Z
2023-08-28T12:16:57Z
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Un père de famille aurait tué ses deux enfants samedi après-midi dans Lanaudière, un double meurtre rapporté dans certains médias comme un «drame familial». Cette expression, qui minimise la violence du geste, ne doit plus être utilisée, selon les experts. 

Lorsqu’on parle de l’assassinat d’un enfant de moins de 18 ans commis par un parent, c’est le mot «filicide» qui doit être employé. Un «infanticide» désigne plutôt le meurtre d'un nouveau-né.  

Le «drame familial» a pour effet de diminuer l’acte de violence, en plus d’être trop lié aux émotions, note la directrice générale de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes (FMHF), Manon Monastesse. 

Au même titre qu'un féminicide n'est pas un «drame conjugal», ajoute-t-elle.

«Il faut mettre l’accent sur le fait qu’il s’agit bien d’un meurtre plutôt que sur un état émotif, désespéré [...], explique Mme Monastesse. Ça positionne la problématique dans un cadre complètement inadéquat. On a l’impression que l’homme a tué sous une impulsion, qu’il y a eu un déclencheur qui a affecté son jugement, alors que ce n’est que rarement le cas.»

  • Écoutez l'entrevue avec Josée Masson, fondatrice et directrice générale de Deuil-Jeunesse au micro de Marie Montpetit via QUB radio :

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Des meurtres au premier degré 

Les meurtres commis au sein d'une même famille sont en effet plus souvent des actes prémédités, selon le Portrait des homicides familiaux de 2011 à 2020. Le document produit cette année par la Sécurité publique du Québec relève que les deux tiers (65,9%) sont des meurtres au premier degré. 

 «C’est important d’utiliser les bons termes, précise Mme Monastesse. Le drame familial enlève tout l’aspect de préméditation, alors que la cause première de ce genre de meurtre est bien souvent le maintien du contrôle dans un contexte de violence.» 

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) conseille d’ailleurs depuis 2015 de revoir la façon dont les médias traitent de la violence conjugale et des assassinats intrafamiliaux.   

Dans une analyse, elle souligne que la couverture médiatique d’événements tels que le double meurtre à Laval «fait ressortir le caractère soudain et inexplicable du geste, ce qui laisse croire qu'ils sont presque impossibles à prévenir». 

Les dossiers du Bureau du coroner ont pourtant permis de constater que dans la majorité des cas, le geste a été précédé de conflits qui duraient depuis des semaines ou des mois, voire des années.

SI VOUS AVEZ BESOIN D’AIDE  

Ligne québécoise de prévention du suicide

aqps.info

1-866-APPELLE (277-3553)    

SOS Violence conjugale

sosviolenceconjugale.ca/fr

1 800 363-9010

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