«Je me suis dit: “Profites-en, parce que c’est peut-être la dernière fois que tu le fais”», raconte la lectrice de nouvelles Julie Drolet, qui révèle être atteinte d’un cancer du sein très agressif


Sarah-Émilie Nault
Atteinte d’un cancer du sein très agressif, la lectrice de nouvelles Julie Drolet se confie en toute franchise et ouverture sur les défis de la maladie et sa nouvelle réalité. «C’est profondément transformateur de passer à travers une maladie mortelle», raconte-t-elle.
Julie Drolet a offert une bouleversante entrevue – sans bonnet cachant son crâne dégarni, ce qu’elle décrit comme un coming out – au micro de Pénélope McQuade vendredi.
C’est le 28 septembre dernier que la lectrice de nouvelles et journaliste a été vue pour la dernière fois sur les ondes d’ICI RDI. Deux jours avant de recevoir son diagnostic, le 30 septembre, jour de son anniversaire.
«Je suis partie de loin», souffle-t-elle.
Si sa mammographie de routine n’a rien décelé, c’est à l’échographie que son médecin s’est rendu compte qu’elle avait une masse. «Il était en train de me dire: “Félicitations, vous n’avez pas de cancer.” Et à la dernière syllabe du mot, il a changé de visage», raconte-t-elle.
«Au début, c’est un choc. Il y a des traitements à faire très rapidement, c’est un cancer à prendre très au sérieux. Le mien est celui qu’on ne veut pas avoir: un triple négatif, un cancer très agressif. Le problème avec ce cancer est les récidives, qui sont mortelles. Et elles viennent vite. C’est aussi un cancer qui se traite mal», explique-t-elle d’une voix calme.
La journaliste de 57 ans raconte qu’elle se rappellera toute sa vie la journée où elle a obtenu ses résultats. Elle animait son émission et se souvient s’être dit clairement, dans sa tête: «Profites-en, parce que c’est peut-être la dernière fois que tu le fais.»
Il faut savoir que sa petite sœur Véronique venait aussi tout juste de recevoir un diagnostic de cancer du sein, que leur défunt père, qui était hémato-oncologue, a également décelé son propre cancer du foie et que sa mère ainsi que sa grand-mère ont toutes deux reçu des diagnostics de cancer au cours de leur vie.
Traitements et défis
«Ce sont des montagnes russes», explique Julie Drolet à propos de la maladie et des réactions propres à chaque personne face aux nombreux et agressifs traitements proposés.
La chimiothérapie (à laquelle on combine des stéroïdes), les innombrables prises de sang, tests et rencontres avec l’oncologue et l’immunothérapie venant aussi avec leur lot d’effets secondaires sont «toutes des affaires qui font mal», lance-t-elle.
«On est constamment en train de vivre de la douleur. Et un moment donné, on finit par en avoir assez», admet l’animatrice qui, sous l’effet des stéroïdes, ne dormait plus la nuit.
Cela sans compter les douleurs indescriptibles (pincements, picotements, puis sensations de coups de couteau) dans ses mains et ses pieds qui l’ont fait se retrouver un certain temps en fauteuil roulant.
Se préparer au pire
Julie Drolet n’a que de bons mots pour son médecin, qu’elle décrit comme un homme cru, un peu cowboy, mais qui est très chaleureux et aimant.
La première chose qu’il lui a dite? «Faites votre testament, raconte-t-elle. Disons que c’est un choc!» Puis, il lui a soufflé: «Ce que je veux, c’est que tu vives.»
«De m’être préparée pour le pire m’a aidée et a été thérapeutique. Préparer mon testament m’a permis de mettre de l’ordre, de réfléchir à tout (mes enfants, ce que je veux leur laisser), de réfléchir à ma propre vie et de faire une sorte de bilan en me demandant: “Si je meurs cette année, est-ce que je suis satisfaite de ma vie? Est-ce qu’il y a des choses que je regrette?”» explique la journaliste.
Elle a donc pris ce temps pour régler certaines choses dans sa vie afin d’arriver à un moment où elle est devenue paisible, si jamais le moment de partir arrivait.
«Ce qui compte le plus, ce sont les gens que j’aime, mes liens. C’est la seule chose», poursuit la journaliste, qui en est actuellement à sa deuxième ronde de chimiothérapie.
«Je ne veux pas gaspiller une minute», lance Julie Drolet.
Outre sa famille, ses proches et ses amis, elle souligne que son chien Hercule joue un rôle important dans son rétablissement.
«Quand on est malade, c’est extraordinaire, un animal. On peut pleurer dans cette boule de poils, on peut le flatter, alors qu’en réalité, on est en train d’essayer de se réconforter. Je n’ai pas besoin de lui parler ni de le protéger de mes émotions. Je n’ai pas peur de pleurer avec Hercule, alors qu’avec mes proches, je ne veux pas les secouer. Mon chien me ramène dans le moment présent, ce qui est difficile avec le choc d’une maladie mortelle», explique-t-elle.