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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

12 mois pour un «shérif constitutionnel» coupable d’entrave et de harcèlement contre des employés du ministère de la Justice

Le leader complotiste Daniel Pagé a assuré au juge qu’une opération militaire de «patriotes américains» allait le libérer «des griffes de la cour»

Capture d’écran d’une vidéo publiée sur la page Facebook touskitv
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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

26 mars à 15h03
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Le soi-disant chef de la «Garde nationale du Québec», Daniel Pagé, a été condamné à 12 mois de détention mercredi pour avoir harcelé des employés du ministère de la Justice à qui il a tenté d’imposer l’autorité bidon de son organisation en leur envoyant des «injonctions militaires».

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Le procès de Daniel Pagé s’est ouvert lundi au palais de justice d’Alma et le juge Pierre Simard n’a pas tardé avant de trancher l’affaire. 

Le leader complotiste a été reconnu coupable de harcèlement, d’entrave à la justice et de non-respect des conditions de probation mercredi matin.

Alors qu’il était sous le coup d’une probation après avoir purgé une peine pour s’être fait passer pour un faux policier, Pagé a contrevenu à la condition lui interdisant l’envoi de documents l’identifiant comme membre de la «Garde nationale du Québec» ou des «Shérifs constitutionnels».

En décembre dernier, cherchant à faire libérer une femme de son organisation accusée de contrebande d’un médicament faussement décrit comme pouvant guérir la COVID-19, l’homme de 60 ans a fait parvenir au greffe du palais de justice d’Alma une «injonction militaire». Au surplus, l’individu les a harcelés, leur faisant craindre pour leur sécurité.

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Capture d’écran d’une vidéo publiée sur la page Facebook touskitv
Capture d’écran d’une vidéo publiée sur la page Facebook touskitv

«Opération militaire» à venir

En ouverture de son procès, lundi, Pagé a réclamé le report de sa défense parce qu’on lui a refusé, selon lui, l’accès en détention à du matériel informatique lié à son handicap visuel. Une demande que le juge Simard a refusée. 

Mercredi il a déclaré le complotiste coupable sur toute la ligne, procédant immédiatement aux observations sur la peine à imposer au délinquant.

«Vous pouvez me la donner votre peine, je vais la partager avec plaisir à mes confrères patriotes américains qui ont voté pour Donald Trump», a alors plaidé Daniel Pagé, prévenant le juge qu’une opération militaire «pour le sortir des griffes de cette cour» se mettrait en branle.

Visiblement peu impressionné, le juge Simard a imposé au «shérif constitutionnel» une peine de 12 mois de prison, assortie d’une probation de deux ans. Vu la détention provisoire, il restera à l’individu un peu plus de huit mois à purger.

Dans sa décision, Pierre Simard a rappelé que Pagé et ses disciples avaient droit à leur opinion sur les tribunaux, la COVID-19 et les vaccins, mais qu’il ne s’agissait pas là d’un permis d’outrepasser la loi.

Groupuscules qui se multiplient

Me François Bourgeois réclamait l’imposition d’une peine de deux ans moins un jour pour l’homme de 60 ans. Le procureur de la Couronne au dossier souhaitait que le tribunal fasse passer un message clair à la société «devant la recrudescence de ce genre de comportement».

«C’est déjà assez difficile de recruter, les gens qui viennent travailler de bonne foi pour le système de justice du Québec ne devraient pas avoir à vivre avec ce genre de groupuscules qui se multiplient actuellement», a souligné le représentant du ministère public.

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Lors de son enquête sur remise en liberté, Daniel Pagé, qui se fait aussi parfois appeler «Gaumond», avait annoncé qu’il ne se soumettrait à aucune condition, disant «être en devoir» face à des «crimes contre l’humanité».

Habitués des tribunaux

Pagé et ses acolytes de la «Garde nationale du Québec» n’en sont pas à leur premier passage devant les tribunaux, dont ils ne reconnaissent pas l’autorité. En 2023, des membres du groupe s’étaient introduits au palais de justice de Rimouski pour y perturber un procès en réclamant bruyamment l’arrestation d’une juge de la Cour supérieure.

Photo tirée de la page Facebook Académie d’arts martiaux du Québec
Photo tirée de la page Facebook Académie d’arts martiaux du Québec

Frédéric Métivier, une autre figure en vue du mouvement, est actuellement détenu en attente de procès. Il a aussi été condamné à 90 jours de détention pour intimidation de personne associée au système judiciaire.

Capture d’écran tirée du Facebook Amo Aud Vincit
Capture d’écran tirée du Facebook Amo Aud Vincit

Amoury Lapointe, qui se présente lui aussi comme «shérif constitutionnel du Québec», a quant à lui écopé de deux courtes peines pour entrave au travail des policiers au cours des deux dernières années. 

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