10 exemples de réduflation: de moins en moins pour votre argent à l’épicerie
La pratique ni réglementée ni surveillée au Canada prend de l’ampleur


Julien McEvoy
Maintenant qu’à peu près toutes les sections de l’épicerie ont été touchées par la réduflation, les consommateurs québécois sont aux aguets.
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«Faut vraiment regarder, sinon on se fait avoir», conseille Alicia Baron, jeune maman de 27 ans. La designer industrielle observe que si ce n’est pas le prix qui monte, c’est le format qui rapetisse.
Peu importe, elle paye plus cher qu’avant. La pratique de la réduflation – vendre un produit au même prix en réduisant sa taille – est devenue monnaie courante.
Radio-Canada vient de passer un an à analyser la situation chez les épiciers. Le résultat, spectaculaire, est consigné dans une base de données utile à tous les Québécois.
Le garde-manger y passe au complet: fromages, viandes froides et charcuterie, céréales, granola et gruau, biscuits sucrés, craquelins, chocolats, croustilles et friandises, produits d’entretien ménager et de beauté.
Plus de 150 marques ont réduit leurs produits de taille au fil des ans. La majorité appartient aux multinationales Mondelēz (Christie, Toblerone), Kraft (Heinz, Philadelphia), PepsiCo (Tropicana, FritoLay, Quaker) et Nestlé.
Rien ne résiste à la pratique. Les produits des marques maison de Loblaw, d’Empire, de Metro et de Walmart sont aussi passés par la réduction des formats.
La barre tendre d’IGA est passée de 0,29$ à 0,38$ en 2024, une hausse de prix déguisée de 31%. La boîte de la marque Compliments à 2,29$ ne contient plus que six barres au lieu de huit et le quart de son poids a fondu.
Assez c’est assez!
Jamais, pourtant, un fabricant ne va afficher «Nouveau format, plus petit pour le même prix!» sur son emballage. La pratique n’est ni réglementée ni surveillée en Amérique du Nord.
Au Canada, les prix à l’épicerie ont déjà bondi de 19% depuis octobre 2021, a rappelé Ottawa dans son budget, mardi. C’est sans compter la réduflation, avouent les autorités.
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Le gouvernement Trudeau voudrait bien mater la pratique, la révéler au grand jour. Il se targue de «s’attaquer» au phénomène dans son budget en mentionnant l’enquête menée actuellement par le Bureau de la consommation sur ces «pratiques commerciales nocives».
La Maison-Blanche ne trouve pas ça drôle non plus. Joe Biden a dit qu’il en «avait assez» de la réduflation, en février, dans une vidéo diffusée dans ses réseaux sociaux pendant le Super Bowl.
Le président en a rajouté lors de son discours sur l’état de l’Union, en mars. En direct devant 33 millions d’Américains, le démocrate de 81 ans s’est plaint du format des Snickers, rendues trop petites.
L’entreprise qui les fabrique, Mars, a tout de suite nié. Ses barres de chocolat «n’ont pas été réduites» de taille, jure-t-elle.
Cookie Monster s’est aussi mis de la partie en affichant sa «haine de la réduflation» dans un tweet sur la plateforme X. Au célèbre muppet bleu de Sesame Street, la Maison-Blanche a répondu que «les consommateurs se faisaient arnaquer».
C is for consumers getting ripped off.
— The White House (@WhiteHouse) March 4, 2024
President Biden is calling on companies to put a stop to shrinkflation. https://t.co/4bkX8o3irI
Ils font ce qu’ils veulent
Ailleurs dans le monde, on s’organise. Au Brésil, en France, en Corée du Sud ou en Hongrie, les autorités agissent pour contrer ces hausses de prix non affichées.
Partout, un avertissement doit être apposé sur le produit dont la taille vient d’être réduite. Cela aurait peut-être évité la surprise à Alicia Baron, récemment, quand elle s’est fait avoir avec la réduflation.
«Ça flottait dans le sac, c’était évident», dit celle qui se décrit comme une «bibitte à sucre», au sujet de son traditionnel paquet de réglisses Twizzlers.
«S’ils sont capables de le faire avec des bonbons», se dit la femme de 27 ans, «les fabricants peuvent tout réduire, s’ils le désirent».
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