1 M$ pour changer des feux de circulation: «On nage en pleine démesure», déplore Catherine Fournier
Marie-Anne Audet
Le Québec nage «en pleine démesure» en ce qui a trait aux hausses des coûts auxquelles se frottent les municipalités, a déploré la mairesse de Longueuil Catherine Fournier.
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Cette dernière, qui a fait part de ses préoccupations dans une lettre ouverte parue mercredi dans La Presse, a rapporté lors d’une entrevue à LCN qu’il coûtait un million de dollars à sa municipalité pour changer les feux de circulation d'une intersection.
«Écoutez, moi, je dis qu’on nage en pleine démesure actuellement. Je reçois des projets sur mon bureau où ça n’a aucun sens à quel point les coûts explosent. J’ai nommé les feux de circulation qui sont quasiment dans les petites dépenses parce que si on prend les plus grandes, je vous donne l’exemple du centre d’épuration Rive-Sud, donc notre usine de traitement des eaux usées sur le territoire de l’agglomération de Longueuil, on estimait la reconstruction à 363 millions de dollars en 2018. Aujourd’hui, on parle de 1,3 milliard de dollars», a-t-elle illustré.
Mme Fournier a pointé plusieurs facteurs qui expliquent l’explosion des coûts, comme le manque d’entretien des infrastructures, l’inflation qui fait augmenter le prix des matériaux et les hausses salariales des employés.
Cette pression financière inquiète la jeune élue, qui croit que la tendance va s’accélérer avec la guerre commerciale avec les États-Unis.
«Je suis très inquiète aussi parce que dans le contexte tarifaire que l’on connaît, on risque d’avoir une flambée encore plus importante des prix des matériaux. Il y a aussi parfois dans certains domaines un manque d’expertise ou bien un manque de fournisseur. Il y a juste quelques entreprises qui font, par exemple, travailler dans le génie des eaux ou qui sont en mesure de planifier, de travailler sur des ouvrages, par exemple, des usines d’épuration des eaux», a expliqué Catherine Fournier.
«Il y en a quelques [usines d’épuration des eaux] qui arrivent toutes en même temps en fin de vie utile, donc imaginez la compétition qu’il va y avoir même entre les projets pour avoir accès à la main-d’œuvre. Beaucoup de demandes, peu d’offres. Le temps, c’est de l’argent, donc on sait que plus on attend, bien le projet, il n’arrêtera pas à 1,3 milliard de dollars, donc... Puis il y a une limite à la capacité de payer collective», a-t-elle poursuivi.
La mairesse de Longueuil croit qu’il faut trouver des solutions créatives pour éviter une autre décote de la cote de crédit du Québec.
«Je donnais l’exemple de Lucien Bouchard en 1996. Donc, au printemps, a réuni tous les acteurs de la société civile, leaders patronaux, syndicaux autour d’une grande conférence socio-économique pour identifier des solutions aux défis majeurs auxquels faisait face le Québec sur le plan financier. Et ils en sont arrivés à certains consensus», a-t-elle évoqué.
«Je pense qu’il faut quand même aborder cette question-là qui est quand même majeure. Mais après, comment est-ce qu’on finance? Est-ce qu’on peut revoir des modèles? Est-ce qu’on peut impliquer le privé, des fonds de capitaux de développement? Je crois qu’on n’aura pas le choix de se poser des questions comme celles-là à long terme parce qu’on voit bien qu’on ne s’en sort pas», a-t-elle ajouté.
Voyez l'entrevue complète dans la vidéo ci-dessus